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JRCF

Joyeux Brexit !

Brexit / Frexit : c’est par la porte à gauche que la France doit sortir du carcan européen – par Georges Gastaud .
 

“La nation, c’est le peuple”

Georges Politzer

 : pas de quoi pleurer !

On s’en doute, les militants franchement communistes et 100% anti-Maastricht du PRCF ne se joignent pas au chœur des médias euro-béats qui pleurent le départ du Royaume-Uni de cette lugubre prison des peuples qu’est l’UE. C’est pourtant la moindre des choses, après les années passées par l’oligarchie britannique à saboter la décision souveraine de ses concitoyens, que d’accéder enfin au vœu majoritaire des Britanniques, classe ouvrière en tête : celui de quitter une Europe supranationale entièrement conçue pour démolir les services publics, comprimer les salaires, doper les délocalisations, accélérer les privatisations, démonter les acquis sociaux, humilier la souveraineté des peuples, guerroyer contre les peuples du Sud, tenir en laisse les pays de l’Est, presser militairement la Russie et forclore toute alternative de progrès au nom de la très totalitaire « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée » que consacrent tous les traités européens.

Intérêt et limites de classe du Brexit pour les travailleurs britanniques

 

Cela ne signifie nullement que nous, PRCF, idéaliserions en quoi que ce soit le Brexit tel que va l’organiser le Parti conservateur (les sociaux-démocrates du Labour Party ayant refusé, comme à leur habitude, de porter clairement les aspirations ouvrières à la  et au progrès social). Car évidemment, toute une partie des capitalistes britanniques tournés vers l’Atlantique et arrimés à Trump ne quittent une dépendance que pour une autre, avec l’espoir d’aller encore plus loin dans la dérégulation sociale déjà largement engagée par Thatcher et Blair. Du moins les Tories ne pourront-ils plus désormais s’abriter derrière  pour refuser de satisfaire les revendications populaires : tant mieux pour le prolétariat britannique, car ce n’est pas un mince atout, dans la lutte des classes, que de n’avoir face à soi institutionnellement, « que » les exploiteurs de son propre pays lorsqu’il s’agit de faire reculer le capital et, le jour venu, d’abattre le capitalisme lui-même [1].

 

Alors que nous, travailleurs français, qui combattons la funeste retraite par points, avons à combattre non seulement le gouvernement liberticide de Macron, mais la « recommandation » de Bruxelles faite à la France au printemps 2018 d’instituer au plus tôt un « régime unique » pour « réaliser son ajustement structurel », « faire cinq milliards d’économies » et profiter des « gains de productivité réalisés dans les administrations publiques afin d’améliorer le ratio de la dette ».

Autrement dit, lorsqu’un peuple refuse un diktat européen (comme l’est en réalité la retraite à points), ce peuple doit vaincre désormais non seulement « sa » grande bourgeoisie, mais aussi les vingt-six autres Etats européens bourgeois coalisés qui peuvent compter en outre, pour bloquer l’internationalisation des luttes, sur le renfort jaunâtre de la Confédération Européenne des Syndicats (présidée par L. Berger, et c’est tout dire !)…

Frexit PROGRESSISTE !

Il ne faut donc pas confondre le Brexit dirigé par la bourgeoisie britannique avec le Frexit progressiste centré sur le monde du travail et tourné vers le socialisme que propose le PRCF. En France, rappelons-le, TOUS les P.D.G. du CAC-40 se sont prononcés pour le maintien à tout prix de l’euro en 2008, quand la crise financière mondiale a ébranlé le système monétaire, y compris en appelant servilement au renforcement de l’hégémonie allemande sur l’UE et sur la gestion de la monnaie unique.

En France, le MEDEF unanime s’est rangé en ordre de bataille derrière le Manifeste « Besoin d’aire » publié en 2012 par Laurence Parisot, alors présidente du syndicat patronal : antinational et antisocial en diable, le grand patronat « français » appelle toute honte bue à dissoudre la nation en construisant les « Etats-Unis d’Europe » et l’« Union transatlantique », à liquider les communes et les départements pour « reconfigurer les territoires » sur le modèle des Euro-Länder, à passer au tout-anglais impérial sur les lieux de travail (l’anglais a été qualifié de « langue des affaires et de l’entreprise » par le Baron Seillière, parlant au nom des patrons européens).

 

Pendant ce temps, Macron affiche sa détermination à accomplir le « saut fédéral européen » en substituant la « souveraineté européenne » à la souveraineté nationale et l’« armée européenne » à l’idée même de défense nationale, tout cela dans le cadre de l’OTAN et de ses projets de revanche contre le peuple russe. Cette orientation antinationale de « notre » grande bourgeoisie est tellement ancrée dans l’ADN de « nos » milieux monopolistes que désormais, Peugeot – dont le PDG Yves Calvet appelait à voter non à Maastricht en 1992 – abandonne toute posture « patriotique » et protectionniste : décidé à fusionner avec Chrysler-Fiat pour devenir pleinement une transnationale, PSA entend dorénavant poursuivre – sous un nouveau nom anglais ? – sa quête de profit à l’échelle planétaire. C’est bien ce que signifie l’expression patronale « besoin d’aire » (dans le passé on eût dit « Lebensraum », espace vital !), car désormais l’oligarchie « française » étouffe dans l’Hexagone et tente de recentrer ses prédations et ses fusions monopolistiques sur l’échelon transcontinental.

Dans ces milieux héritiers des Emigrés de Coblence, des Versaillais de Thiers et de la juteuse collaboration économique » des années noires (pas pour le capital en tout cas !), nul ne souhaite plus sortir la France de l’euro, cette austérité continentale calée sur le mark, de l’UE, cette Sainte-Alliance dirigée par Berlin et supervisée par Washington, de l’OTAN, cette machine à combattre la Russie et la puissance chinoise émergente. Si bien que, non seulement les droites LR et LREM, non seulement le PS, mais aussi la dynastie Le Pen (père, fille er nièce…) et jusqu’à Dupont-Aignan s’inscrivent désormais totalement dans les limites de l’euro et de l’UE supranationale que ces messieurs-dames prétendent tous « réformer du dedans ».

Quant aux sociaux-démocrates et à leurs éternels satellites électoraux « eurocommunistes », ils imposent au mouvement ouvrier le slogan mensonger de la « réorientation progressiste de l’Europe » qui empêche le mouvement populaire de briser les chaînes de la social-eurocratie et de l’appareil euro-dépendant de la C.E.S. présidée par Berger ! C’est aussi ce qui fait toute l’inconsistance objective du « souverainisme » bourgeois dans sa prétention à séparer la question de l’indépendance nationale de son contenu anticapitaliste ; pourtant, seule cette dimension anticapitaliste est susceptible de fusionner le patriotisme populaire au combat social pour faire du peuple travailleur le centre de gravité de l’émancipation indissolublement nationale et sociale de notre pays. C’est déjà ce que dessinait le  quand il invitait, dans son programme LES JOURS HEUREUX, à « mettre le monde du travail au centre de la vie nationale ».

Patriotisme et combat pour le socialisme sont indissociables !

C’est pourquoi nous, militants communistes fidèles aux luttes du grand PCF contre la Communauté Européenne de Défense (1954) et pour le Non populaire à Maastricht, réaffirmons ceci : le combat pour l’émancipation de la France sera dirigé par le monde du travail ou ne sera pas, tant la reconquête de la souveraineté nationale est inséparable de la nationalisation démocratique des secteurs-clés de l’économie, de la reconstitution planifiée du « produire en France » et de la mise en place d’une constitution nouvelle centrée sur la démocratie populaire. Car alors que la bourgeoisie révolutionnaire de 1793 a longtemps tracté le mouvement visant à fonder la nation républicaine, la grande bourgeoisie contre-révolutionnaire d’aujourd’hui dissout la nation dans ce que Bruno Lemaire nomme crûment l’« empire européen ».

C’est pourquoi, dans les conditions françaises, n’en déplaise au souverainisme bourgeois qui dénie la dimension anticapitaliste, anti-impérialiste et antifasciste du Frexit, le retrait français de l’UE atlantique ne peut être que centré sur le monde du travail unissant les couches populaires et moyennes contre la grande bourgeoisie antinationale. Décidément, si un peu de patriotisme superficiel éloigne du combat de classe pour le socialisme, beaucoup y ramène… et réciproquement !


[1] Observons qu’au moment où la  sort de l’Union Européenne, Boris Johnson est obligé de concéder une augmentation de 6% du SMIC, il met en œuvre des investissements publics sans précédent depuis longtemps dans la National Health Service (la Sécu britannique) et lance la renationalisation de plusieurs lignes importantes de chemin de fer. Quel contraste avec la situation des travailleurs en France, où l’hôpital public est étranglé par l’euro-austérité, les lignes TER et la SNCF, les aéroports, la Poste privatisés et les salaires bloqués en application des directives européennes et sous la contrainte de l’Euro !

Union des deux rives, confusionnisme sans rivage ! Les impasses politiques de François Asselineau .
La « soirée  » de François Asselineau…

« Le 31 janvier va avoir lieu un événement d’une ampleur historique qui est considérable : je veux bien entendu parler du Brexit » : ainsi débute le propos de François Asselineau dans une vidéo réalisée le 15 janvier 2020[1]. Incontestablement, il s’agit bel et bien d’un événement historique, et peut-être qu’en effet les historiens considéreront que « c’est à partir de ce jour que la prétendue construction européenne a commencé à se déliter et à se détruire pour de bon ». En ce sens, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) ne peut que se féliciter de l’officialisation d’un Brexit qui aura mis plus de trois années et demie à se réaliser du fait du combat acharné des forces européistes pour empêcher l’avènement de la sortie du Royaume-Uni de la dictatoriale .

Jean Fréderic Poisson, Nicolas Dupont Aignan, Jacques Cheminade et François Asselineau à la soirée Brexit de François Asselineau – source youtube UPR

            Dans cette optique, François Asselineau a « décidé de fêter cet événement historique », organisant au siège de l’Union populaire républicaine (UPR) le 31 janvier 2020, de 20h à 1h du matin, une « soirée Brexit » (et non d’une « soirée UPR » prend soin de préciser le chef de l’UPR). Au cours de cette soirée sont invités des hommes politiques, des intellectuels et des journalistes, notamment des personnalités « de droite, de gauche, du centre », et qu’importent les « désaccords très profonds » puisque l’essentiel est de « se battre pour la souveraineté nationale des Français ». Ainsi est égrenée toute une liste de personnalités invitées, parmi lesquelles : Fabien Roussel, Ian Brossat, Jean-Luc Mélenchon, Adrien Quatennens, Nathalie Arthaud, Marine Le Pen, Thierry Mariani, Jordan Bardella, Nicolas , François Fillon, Éric Brunet, Thierry Ardisson, Natacha Polony, Emmanuel Todd, François Boulo, et l’historienne Annie Lacroix-Riz.

… révèle de nombreuses contradictions avec le thème de la soirée…

            Un tel « rassemblement » peut laisser perplexe : imagine-t-on Nathalie Arthaud et Marine Le Pen, Fabien Roussel et Jordan Bardella, Jean-Luc Mélenchon et Thierry Mariani, dans une soirée privatisée célébrant la sortie du Royaume-Uni de l’UE, trinquer ensemble une coupe de champagne à la main ? La chose paraît d’autant plus osée que la porte-parole de Lutte ouvrière (LO), le porte-parole de la France insoumise (FI) et le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), ont toujours lutté (fort justement) contre le xénophobe, fascisant et pseudo-patriotique « Rassemblement national ». Mais face aux nombreuses critiques envers le confusionnisme de son propre rassemblement, François Asselineau argue qu’« il s’agit d’une soirée pour la France », « pour la souveraineté nationale retrouvée » ; et d’ajouter : « que monsieur Mélenchon ne me dise pas qu’il ne peut pas être dans la même salle que Madame Le Pen et réciproquement, ils sont à l’Assemblée nationale toute la journée » ! Ainsi, nous apprenons grâce à François Asselineau que « se côtoyer » au sein de l’« Assemblée nationale » équivaut à se retrouver dans une soirée privatisée organisée par un seul parti politique, et de surcroît dans son siège au 26-28 rue Basfroi, pour des personnes politiques que tout oppose à tout point de vue… y compris sur le thème de la sortie de l’UE. François Asselineau sent d’ailleurs combien l’opération est délicate, conjurant toutes les personnes qui souhaitent participer à cette soirée de « faire preuve de l’esprit républicain qui s’impose » et que soit assuré un « accueil courtois » tout en « outrepassant les oppositions ». Au passage, on se délecte à l’avance des retrouvailles entre Marine Le Pen et Florian Philippot,  ou entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon qui avait qualifié cette dernière de « fasciste » …

Asselineau salue chaleureusement Philippot – source Youtube UPR

            Cela paraît d’autant plus saugrenu lorsque l’on regarde, au-delà même des énormes divergences politiques et idéologiques entre les personnalités invitées, le positionnement de ces dernières au sujet de l’idée d’une sortie de l’UE : faut-il rappeler à François Asselineau que Ian Brossat a proclamé que « pour ce qui concerne les communistes [NDLR : du PCF], nous ne sommes pas favorables à une sortie de l’Union européenne »[2] ; que François Fillon juge « fondamental » de « préserver cet acquis » qu’est la construction européenne, « qui a produit des succès immenses »[3] ; que le prétendu « Rassemblement national » a abandonné l’idée – à laquelle il n’a d’ailleurs jamais cru – de sortie de l’UE, se félicitant d’avoir enfin établi, lors des élections européennes « un vrai projet européen, solide », et renonçant à « renouer à terme avec la souveraineté monétaire »[4], ce qu’a justement illustré le départ de l’opportuniste Florian Philippot[5] ? Drôle de façon pour un homme se déclarant seul défenseur du Frexit que d’inviter pour une soirée représentant un « danger mortel » (François Fillon) pour l’UE des personnalités fondamentalement hostiles à l’idée de Frexit…

            La surprise est complétée la non-évocation, parmi les invités politiques, de formations qui ont toujours milité pour la sortie de l’UE et de l’euro, à l’image du PRCF et du Parti de la démondialisation (Pardem). Ce dernier ne manque pas de souligner cette contradiction dans une réponse adressée par Jacques Nikonoff à l’invitation renvoyée par François Asselineau[6] :

« Vous citez les noms de quelques dirigeants du Parti communiste français, de Jean-Luc Mélenchon et d’autres députés de La France insoumise, or c’est inexact. Ces partis et personnalités ont combattu le Brexit, combattent avec acharnement la sortie de l’euro et de l’Union européenne et se prononcent par conséquence, dans les faits, contre la souveraineté nationale ; que viendraient-ils faire à une soirée festive sur le Brexit ?

Ensuite, dans la même vidéo, vous annoncez que vous invitez, entre autres, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, pour les mêmes raisons. Ces personnalités et ces partis, à la différence des précédents, ont été, dans le passé, favorables à la sortie de notre pays de l’euro et de l’Union européenne, mais ce n’est plus le cas. Pourquoi viendraient-ils à cette soirée ? »

Au-delà des divergences d’appréciation avec le Pardem (Marine Le Pen, et encore moins Nicolas Dupont-Aignan, n’ont jamais été réellement favorables à la sortie de l’UE et de l’euro, alors que Jean-Luc Mélenchon l’a envisagée dans une formule dialectique « L’Europe, on la change ou on la quitte » … et peut-être l’envisage-t-il encore), le constat commun s’impose quant aux contradictions criantes d’une soirée ignorant les formations militant réellement pour la sortie de l’UE, de l’euro, de l’OTAN et, dans le cas du PRCF, du capitalisme, François Asselineau préférant fricoter avec des formations politiques appelant à une « Europe sociale », aux « Etats-Unis socialistes d’Europe », une « autre Europe » … et même à « une Europe qui préfère les Européens ». Faut-il dès lors s’étonner que Nicolas Dupont-Aignan propose une « union des patriotes » rassemblant de Marine Le Pen à François Asselineau, et que ce dernier soit prêt à accepter une telle union (à laquelle a déjà répondu favorablement Florian Philippot) si le Frexit est inscrit au cœur de ladite union ?![7] Gageons que de telles positions dérouteront une partie des militants de l’UPR, sincèrement engagés dans la lutte pour le Frexit, tout en constatant de plus en plus le caractère de classe d’un tel combat.

… masquant une volonté inavouable d’autopromotion politique

N’y a-t-il donc dès lors pas derrière cette « soirée Brexit » en réalité une « soirée UPR », cachant une opération de promotion politique personnelle ? François Asselineau a beau s’en cacher, il n’en demeure pas moins le chef d’orchestre d’une soirée à laquelle aucune formation politique favorable au Frexit (progressiste, dans le cas du PRCF) – à l’exception des prétendus « Patriotes » de Florian Philippot – n’a été associée ni même consultée pour en faire une éventuelle « soirée Brexit », ce que le PRCF ne regrette certainement pas au regard du plateau proposé. D’ailleurs, le chef de l’UPR se présente comme l’instigateur de ladite soirée, rappelant ainsi qu’il « ouvrira » et « prendra la parole » au début de la soirée. Cette critique, le Pardem la formule également : « Si vous aviez voulu organiser un évènement avec d’autres organisations et personnalités, vous auriez dû suivre la règle habituelle de savoir-vivre qui consiste à mettre en place un petit collectif chargé de préparer, dans la concertation, l’évènement en question. Rien de tel ne s’est produit. Il aurait fallu être franc et annoncer clairement que c’était une soirée UPR ce qui n’aurait rien eu de choquant. »

Une analyse à laquelle le PRCF souscrit totalement et qui, s’il avait été associé, n’aurait JAMAIS adressé l’invitation aux fascisants RN, Dupont-Aignan et Philippot, dociles serviteurs du capitalisme obsédés par l’« identité nationale », ni au corrompu François Fillon qui promettait de détruire le statut de la fonction publique – qu’assure défendre François Asselineau – en prévoyant la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires (et qui avait déjà attaqué les retraites quand il était Premier ministre en 2003…), ni à l’européiste (mais pas vraiment marxiste-léniniste) Ian Brossat, ni à l’ultralibéral chien de garde Éric Brunet (que vient-il donc faire ici ?!), etc. Encore aurait-il fallu pour cela s’inscrire dans une démarche collectivecomme le fait le PRCF lorsqu’il propose des initiatives communes à des partenaires, comme ce fut le cas le 30 mai 2015 pour les 10 ans de la victoire du NON du 29 mai 2005. Une telle démarche collective dépend cependant de conditions clairement et fermement établies. Parmi celles-ci, dans l’hypothèse utopique où l’UPR, abandonnant son cavalier seul traditionnel, eût proposé une série de débats contradictoires durant la soirée du Brexit, la moindre des choses eût été qu’en fussent exclus sans exception tous les éléments xénophobes et fascisants, dont il est plus inquiétant pour l’avenir que l’UPR les considère comme fréquentables, à l’image de Jean-Frédéric Poisson ou du représentant du comte d’Orléans…

L’« union des deux rives », mortifère illusion pour la sortie de l’UE

C’est pourquoi au-delà de cette évidente de cette évidente « opération électoraliste » dénoncée par Jacques Nikonoff, la proposition de François Asselineau révèle surtout le danger de la stratégie de l’« union des deux rives », un « fourre-tout pseudo-« souverainiste » » parfaitement analysé par le secrétaire national du PRCF, Georges Gastaud, « non seulement sans mesurer le degré de fascisation et de xénophobie que cultive cette nébuleuse anti-ouvrière, mais en feignant d’ignorer que ces gens ont clairement répudié toute idée de Frexit, préférant flatter la partie bourgeoise de leur électorat et cultiver le mensonge d’une « Europe des nations » structurellement incompatible avec l’UE supranationale et néolibérale. Cette illusion dangereuse ne peut que BANALISER le prétendu « Rassemblement national », lequel ne fera, le moment venu, qu’une bouchée de tels « souverainistes » ; car leurs intentions censément républicaines ne pèseront pas lourd face au mastodonte de l’ultra-droite pseudo-patriote des Le Pen, Maréchal, Mariani et autre Retailleau. »[8] C’est en effet oublier les rapports de forces actuels, comme l’a spectaculairement prouvé le résultat des élections européennes lorsque les appels à un « référendum anti-Macron » ont été le carburant de la seule formation politique (ce que le PRCF déplore) qui semblait alors, à tort d’ailleurs, en mesure de finir devant le tyran de l’Elysée, à savoir le prétendu RN ; Macron, parfaitement conscient que le RN est son meilleur allié dans la perspective (hypothétique) d’une réélection en 2022, a d’ailleurs déjà fait de Le Pen son adversaire majeure (et réciproquement).

            Car une « union des deux rives » ne peut que constituer une nouvelle duperie pour les travailleurs, débouchant potentiellement sur un vaseux compromis dont les mesures sociales et la nécessité d’en finir avec le capitalisme ne peuvent qu’être absentes. D’aucuns rétorqueront que le Conseil national de la Résistance (CNR) comprenait également un résidu de l’extrême droite (dont 99% était à Vichy, en compagnie du grand patronat !) à travers des membres de l’Action française ; c’est exact… mais dans des proportions infimes par rapport au premier parti de France à la Libération et qui dominait le CNR, un PCF franchement marxiste-léniniste et qui pouvait compter sur l’appui d’une puissance Confédération générale du travail (CGT) qui s’inscrivait alors, sous la direction de Benoît Frachon, dans la logique d’un syndicalisme de classe et de masse. Et de fait, une telle démarche élude un point décisif, à savoir la lutte des classes structurant le rapport à l’UE, 80% des ouvriers ayant désapprouvé le traité établissant une constitution pour l’Europe (TECE) le 29 mai 2005 alors que les couches de la bourgeoisie et une bonne partie des classes moyennes approuvaient ce qui a depuis été adopté sous le nom de « traité de Lisbonne » (au demeurant ratifié le 4 février 2008 sur proposition… du gouvernement Fillon). Ce vote de classe apparaît également dans le cadre du Brexit, les travailleurs gallois et anglais ayant majoritairement approuvé la sortie de l’UE ; une revendication qu’a portée l’actuel Premier ministre conservateur Boris Johnson, qui peut compter sur le soutien d’une partie de la bourgeoisie hostile à l’UE depuis toujours, alors que la bourgeoisie française a épousé la logique européiste depuis bien longtemps[9]

Œuvrer pour le Frexit progressiste !

 

            Voilà pourquoi le PRCF combat la dangereuse illusion d’une « union des deux rives » associant des républicains à la dérive à de vrais fascistes, stratégie servant la soupe au fascisant RN et à ses discours xénophobes et mensongers pour les travailleurs et la souveraineté nationale et populaire de la France, mais également une énième resucée de la « gauche plurielle » visant à rassembler toutes les formations dites de « gauche » qui ne jurent que par l’« intégration européenne » et l’Europe sociale… et n’hésitent pas à voter comme le RN, à l’image du 19 septembre 2019 quand des eurodéputés prétendus « socialistes » et « écologistes » ont adopté la résolution du Parlement européen assimilant le communisme au nazisme[10]. Plus que jamais, il est urgent de contribuer à :

  1. La renaissance d’un parti communiste sur des bases marxistes-léninistes, en mesure de constituer une avant-garde indispensable au combat contre l’UE. Quand le CAC 40 et le MEDEF ne jurent plus que par la « construction » européenne, les « Etats-Unis d’Europe », l’« Union transatlantique », le tout-anglais promu « langue des affaires et de l’entreprise » (dixit le baron Seillière), il revient plus que jamais à la classe ouvrière, au monde du travail et aux forces progressistes de « mettre le monde du travail au centre de la vie nationale » comme y invitait le programme du CNR « Les Jours heureux ». Dès lors, l’idée qu’un véritable Frexit puisse transcender la lutte des classes, comme le croit François Asselineau, n’est qu’une chimère, car dans les conditions françaises qui ont peu à voir avec celles du Brexit sous influence trumpiste, la rupture résolue des chaînes de l’UE ne peut que conduire à un affrontement de classes majeur entre le monde du travail, cœur du rassemblement populaire incluant la majorité des couches moyennes, et l’oligarchie capitaliste. Et donc poser la question de ce socialisme que, de Monnet à Ursula Von Leyen, la « construction » européenne viscéralement atlantiste, anticommuniste et antisoviétique a été conçue pour empêcher, quitte à détruire les nations européennes.
  2. La reconstruction d’une gauche patriotique et populaire antifasciste, anti-européiste et anti-impérialiste, seule à même de placer les travailleurs au cœur de la lutte pour la sortie de l’UE, de l’euro, de l’OTAN et du capitalisme.
  3. Le rassemblement au sein d’un grand Front antifasciste, patriotique, populaire et écologiste, au sein duquel la gauche patriotique et populaire constituerait le pôle central d’un rassemblement ouvert aux patriotes sincèrement antifascistes, anti-impérialistes et anti-européistes, et ainsi ouvert aux patriotes issus de la bourgeoisie et capables de préférer la patrie aux dividendes du CAC-40.
 

Le PRCF se trouve au cœur de ce triple objectif de renaissance, de reconstruction et de rassemblement et mènera son travail unitaire dans un esprit collectif et fraternel, tout en visant à un objectif majeur : le Frexit progressiste, seul à même d’être réalisé !

ET SURTOUT, REJOIGNEZ-NOUS !


[1]  Vidéo disponible au lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=BsMNjkRSdOA

[2]  Pour rappel sur ce sujet, lire l’article suivant : https://www.initiative-communiste.fr/articles/prcf/ian-brossat-et-sophia-hocini-ou-la-decrepitude-du-communisme-new-look/

[3]  Voir le lien suivant : https://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2017/article/2017/04/07/la-ligne-mediane-de-francois-fillon-sur-l-europe_5107281_4854003.html

[4]  Voir le lien suivant : https://www.franceinter.fr/politique/marine-le-pen-renonce-officiellement-au-frexit-dans-son-projet

[5]  Pour rappel sur ce sujet, lire l’article suivant : https://www.initiative-communiste.fr/articles/frexit-en-sortir-pour-sen-sortir-le-prcf-a-loffensive-depuis-2004/

[6]  Voir le lien suivant : http://pardem.org/actualite/1013-jacques-nikonoff-repond-a-francois-asselineau-sur-le-brexit

[7]  Voir le lien suivant : https://francais.rt.com/france/70522-presidentielle-2022-dupont-aignan-veut-primaire-patriotes

[8]  Voir le lien suivant : https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/ni-union-des-eurogauches-ni-fourre-tout-pseudo-souverainiste-frexit-progressiste/

[9]  Il est conseillé pour cela de lire notamment l’excellent ouvrage d’Annie Lacroix-Riz, Aux origines du carcan européen (1900-1960) : la France sous influence allemande et américaine, Paris : Delga, 2014.

[10] Pour rappel sur ce sujet, voir le lien suivant : https://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/appel-petition-combattre-les-chasseurs-de-sorcieres-du-parlement-europeen-et-des-fascisants-regimes-de-lest-cest-defendre-les-libertes-de-tous-en-europe/

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