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JRCF

Loi de finances 2019 : l’aide à la recherche du premier emploi (ARPE) supprimée

Loi de finances 2019 : l’aide à la recherche du premier emploi (ARPE) supprimée

Dans le projet de loi de finances pour le budget 2019, le gouvernement Philippe supprime l’aide à la recherche du premier emploi (ARPE) au profit d’une aide à la mobilité Parcoursup. Les JRCF dénoncent la régression sociale de cette mesure, qui non seulement supprime une aide sociale à destination des jeunes diplômés, mais se targue en plus d’un motif faussement progressiste : celui d’une cynique « mobilité » des étudiants.

        Une fois de plus le gouvernement Philippe s’en prend à la jeunesse, fraction pourtant la plus précaire de la population (26% des moins de 30 ans vivent sous le seuil de pauvreté en France selon l’INSEE 2015). Cette fois, c’est dans le dispositif d’aide à la recherche d’un premier emploi (ARPE) que les ministres de l’austérité budgétaire ont décidé de tailler à l’occasion de la loi de finances pour l’année 2019. Ce dispositif permet aux jeunes de moins de 28 ans de bénéficier d’un prolongement de l’allocation de leur bourse étudiante d’une durée de quatre mois après l’obtention de leur diplôme[1].

     Et pour cause, les statistiques montrent que les jeunes diplômés sont plus souvent au chômage que ceux présents depuis plus longtemps sur le marché du travail. En 2016, parmi les actifs récents qui ont terminé leur formation initiale depuis 1 à 4 ans, 20% sont au chômage contre 8% pour ceux ayant plus de dix ans d’ancienneté sur le marché du travail[2]. Rappelons que ces jeunes diplômés sont d’autant plus vulnérables qu’ils arrivent sur un marché du travail « flexibilisé » par les lois Macron, El Khomri et les ordonnances Pennicaud-Macron de 2017. C’est désormais dans le cadre de contrats précaires : stages, intérim, contrats à durée déterminée, et avec un droit du licenciement réduit à la portion congrue, que les jeunes travailleurs vendent leur force de travail sur un marché totalement asymétrique. Cette précarité ne fait que retarder la stabilisation de nos jeunes adultes et leur capacité à se projeter vers l’avenir en ayant « une situation » ; expression dont la désuétude ne révèle que trop le climat d’insécurité sociale dans lequel les jeunes générations grandissent.

      Par ailleurs, la réforme Parcoursup aura des conséquences à long terme sur l’endettement des jeunes diplômés. La sélection à l’université a d’ores et déjà commencé à créer une véritable aubaine pour les écoles supérieures privés - vers lesquelles les candidats déboutés de leurs vœux se tournent, bon gré mal gré, – et les établissements financiers qui proposent des prêts étudiants pour les financer. Cette hausse du coût des études concerne également l’université publique avec l’augmentation progressive mais non moins sensible des frais d’inscription depuis la loi dite « d’autonomisation des universités » (comprendre privatisation par étapes). C’est donc pieds et poings liés par la dette étudiante, et sur un marché du travail dérégulé, que les jeunes diplômés sont censés s’insérer.

   Le gouvernement excipe du fait qu’il ne s’agirait pas d’une suppression pure et simple d’une aide sociale étudiante mais d’un transfert de ce budget vers une aide à la mobilité des étudiants dans le cadre de la procédure nationale de préinscription à Parcoursup. Une fois de plus, la rigidification des conditions de travail et d’études doit se faire au prix de la « mobilité » des étudiants.

      Derrière ce mot de mobilité, apparemment neutre, se cache une véritable injonction révélatrice de la dimension spatiale des inégalités. La possibilité de choisir ses déplacements et de ne pas les subir devient ainsi un enjeu de lutte des classes. Les discours lénifiants sur la mobilité, la libre circulation des hommes, des marchandises et des capitaux masquent trop mal la contrainte, voire la violence (cf la crise migratoire actuelle), des déplacements forcés par le mode de production capitaliste à son stade actuel.

         Ainsi, en lieu et place d’une aide au demeurant bien insuffisante à l’insertion des jeunes diplômés dans le monde du travail, le gouvernement régressif d’Edouard Philippe propose de lui substituer une aide à la mobilité « Parcoursup » qui ressemble plus à un pis-aller qu’à une véritable aide sociale. En effet cette aide dont le montant oscille entre 200 et 1000 euros paraît dérisoire au regard des coûts qu’impliquent l’installation d’un jeune étudiant loin de sa région géographique d’origine.

        Les JRCF dénoncent cette énième régression sociale du programme macronien, et des directives de l'UE, de destruction des conquis sociaux.

 

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