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JRCF

175 ans d’abolition de l’esclavage La jeunesse réunionnaise n’a rien oublié

Le blog des JRCF partage cet article du camarade Antoine au sujet d'un événement méconnu de l'histoire officielle. L'histoire des DROM : c'est un pan de l'histoire que nous tentons, au PRCF comme au JRCF, de faire connaître tout en combattant les relents colonialistes. 

 
Pour aller plus loin sur La Réunion :
 
 
 
 
175 ans d’abolition de l’esclavage  La jeunesse réunionnaise n’a rien oublié

Lors des fêtes de fin d’année où les jours fériés se résument en métropole au 25 décembre et au 1er janvier, un troisième vient se greffer sur l’île de la Réunion, et probablement le plus important des trois : le 20 décembre (désanm), date à laquelle se déroule tous les ans la fête kaf, qui commémore l’abolition de l’esclavage le 20 décembre 1848.

    Dès la première véritable vague de colonisation vers 1665, l’esclavage est déjà présent sur l’île, mais il croît à mesure que l’île se peuple et que se développent les plantations de café sous contrôle de la Compagnie Française pour le Commerce des Indes Orientales. Malgré l’abolition de l’esclavage déclarée en 1794, celle-ci n’est jamais appliquée sur ce qui s’appelle à l’époque l’Île Bourbon, les colons refusant tout simplement d’appliquer le décret. Le rétablissement de l’esclavage en 1802 ne change finalement pas grand-chose, tout comme l’interdiction de la traite négrière en 1815 qui n’est absolument pas appliquée. C’est après des décennies de lutte entre les "marrons", experts de la survie dans les hauts de l’île et les criques qu’ils investissent, et les chasseurs et mercenaires à la solde des colons revanchards, que l’abolition de l’esclavage est définitivement proclamée et appliquée sur l’île, le 20 décembre 1848. Ce sont 60 000 esclaves qui obtiennent alors leur liberté, 60% de la population.

    Ces évènements, personne ne s’en souvient, tous ceux qui les ont vécus sont évidemment décédés depuis bien longtemps. Pourtant, si l’individu peut oublier, le collectif n’oublie rien. Et chaque année, l’île s’embrase. Toutes les villes organisent leurs hommages qu’ils préparent toute l’année et les 860 000 habitants sortent pour célébrer la date la plus importante du calendrier réunionnais.

    A St-Denis, après les discours officiels au Camp des Noirs du Roy dans la matinée, la marche de la liberté voit défiler dans l’après-midi les collectifs de tous les quartiers (une vingtaine !), du Bas de la Rivière à la Bretagne, du Chaudron à la Montagne, vêtus de costumes parfois traditionnels, parfois revisités, pour un défilé au son des tambours, des chants et des danses. La jeunesse de l’île, parfois de jeunes enfants, s’applique pour rendre le spectacle époustouflant, et en profite pour mettre à l’avant des cortèges les personnes en fauteuil roulant, afin de les mettre à l’honneur, et de démontrer la solidarité de l’île envers ses membres les plus démunis, comme un pied de nez envers les politiciens cannibales de métropole qui suggèrent que leur existence est indue. Tout ce monde se retrouve au Barachois afin de profiter des stands de spécialités créoles, arabes, asiatiques, des attractions, des feux d’artifices, mais surtout des concerts de Maloya, art musical typique réunionnais issu des esclaves et composé avec les mêmes instruments traditionnels.

    Mais en marge du défilé, quelques agitateurs se font entendre. "L’esclavage n’est pas terminé", scandent-ils. La politique néocoloniale actuelle d'élites capitalistes "françaises" (en réalité qui se réclament de la France quand cela les arrange mais qui ont prêté allégeance à l'empire européen capitaliste et supranational...) et le traitement parfois méprisant de la métropole vis-à-vis de la Réunion, département de plein titre de la République, nourrit des rancœurs légitimes. Malgré la faiblesse actuelle d’un PCR qui a sombré dans le révisionnisme, l’île est marquée par l’influence importante du mouvement communiste sous la direction de l’illustre Paul Vergès, qui a tant lutté et tant donné à l’île, jusqu’à son décès en 2016, sous les hommages des habitants reconnaissants.

    Cette jeunesse, qui connaît le prix de sa liberté et la lutte qu’elle doit mener, bien qu’elle puisse être parfois perdue et désordonnée, saura, lorsque le moment viendra, ajouter sa force dans le conflit qui oppose les honnêtes gens aux vautours qui se nourrissent du saccage de notre planète et de notre humanité, et lorsque les masses auront repris le pouvoir, que nous aurons aboli le capitalisme, brisé une seconde fois nos chaînes, nous pourrons ajouter un nouveau jour férié sur notre calendrier commun, côte-à-côte avec le 20 désanm.

Antoine-JRCF

 
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