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JRCF

Les animaux malades du Covid-19

Les animaux malades du Covid-19

Ce mardi 28 avril, à 15h, Edouard Philippe prononçait un discours à l’Assemblée Nationale, devant les 75 parlementaires autorisés à être présents (officiellement pour cause de confinement). L’explication devait porter sur les mesures concrètes du plan de déconfinement prévu pour le 11 mai et être assortie d’un vote après une pause de 15 minutes censée permettre aux représentants de la Nation de se décider. Cette configuration grand-guignolesque a évidemment soulevé la colère des parlementaires et de l’opposition, lassés du dirigisme de l’exécutif et de la parodie de démocratie que constituait cette explication de texte floue. Peu exigeants, les représentants des groupes parlementaires s’étaient en effet contentés de mollement requérir plusieurs heures voire une journée de réflexion, sans succès. Si on peut bien sûr relier cet autoritarisme gouvernemental à la pratique constitutionnelle de la Ve République, dont le prétendue « rationalisation du parlementarisme » conduit immanquablement à rendre l’action du pouvoir législatif (et, partant, de l’opposition) caduque, il apparaît ici d’autant plus flagrant que l’Assemblée nationale n’a fait en l’espèce qu’office que de chambre d’enregistrement et ne constitue aucunement un contrepouvoir, sauf à considérer que le Conseil des 500 napoléonien en était un. L’exécutif s’était félicité de ce discours devant les députés, arguant même que notre premier ministre aurait tout aussi bien pu exposer les modalités du déconfinement «au cours d’une allocution télévisée » mais avait choisi le Palais Bourbon par « attachement à la démocratie ». Quel grand seigneur ! Et quelle belle démocratie, celle où le débat est rendu de facto impossible !

Loin de nous, cependant, l’idée de vanter les mérites d’un Parlement dont la composition de classe et l’action législative ne fait que favoriser la dictature de la bourgeoisie ; ni même d’approuver benoîtement, comme le font pourtant tant d’auto-proclamés rebelles petits-bourgeois à la Edwy Plenel, la sacro-sainte séparation des pouvoirs de Montesquieu, à laquelle s’étaient déjà opposés nos précurseurs jacobins, Robespierre en tête, suivis par Marx et Engels. Le pouvoir n’est jamais séparé, en démocratie bourgeoise, puisqu’il repose précisément entre les mains d’une seule classe et ne sert que ses intérêts. Mais en ces temps où Emmanuel Macron et le gouvernement Philippe, relayés par les éternels éditocrates complaisants, ne cessent d’invectiver la République Populaire de Chine et la République Populaire et Démocratique de Corée, prétextant une « opacité » sur sa gestion de la crise sanitaire, voire une pratique dictatoriale du confinement au début de l’épidémie, allant jusqu’à craindre une prétendue « tentation totalitaire à la sortie du confinement » de notre bas peuple -il est vrai singulièrement réfractaire et illettré- il est de bon ton de rappeler que les prétendues « démocraties » bourgeoises piétinent encore une fois les « valeurs libérales » qu’ils prétendent pourtant défendre contre les Etats socialistes. Etats socialistes dont il s’agit de rappeler, malgré toutes les manipulations médiatiques consistant à systématiquement vanter la gestion sanitaire de l’Allemagne et de la Corée du Sud en passant sous silence les réussites gênantes de « l’axe du mal », qu’ils figurent tous, de la Chine à Cuba en passant par la Corée démocratique et le Vietnam, parmi les Etats ayant jugulé le plus rapidement la propagation de l’épidémie dans la population et la mortalité des infectés. Pur hasard ou mode de production permettant une gestion plus rationnelle ? Le lecteur en jugera.

 En tout état de cause, il est tout simplement risible que les Etats impérialistes d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord, tout à leur domination sans partage du monde et à leur obsolescence capitaliste vectrice de crise (fait déjà bien décrit par le camarade Lénine dans son célèbre Impérialisme, stade suprême du capitalisme), crient ainsi « haro sur le baudet », comme dans la fable de La Fontaine. Si responsable de la pandémie il y a, ce n’est certainement pas le Parti Communiste Chinois ou le communisme, n’en déplaise à messieurs Trump et Barochez, mais bien la circulation libre et non-faussée, la destruction des services publics (notamment hospitaliers), la désindustrialisation galopante, auxquelles viennent s’ajouter dans les pays dominés de l’impérialisme un sous-développement chronique savamment entretenu. Ce n’est pas les indiens des bidonvilles réduits à la famine sans savon ou les prolétaires subsahariens qui diront le contraire.

Quant à la prise de parole de M. Philippe, elle n’est sortie du flou conditionnel que pour enjoindre les classes laborieuses à retourner au travail, sans avoir la moindre garantie en termes de protection ou de tests de dépistage. Ainsi donc, les jeunes enfants seront renvoyés à l’école, contaminer joyeusement leurs instituteurs, pour que leurs parents puissent risquer leurs vies au bénéfice exclusif d’un grand patronat exonéré d’impôt. Gare aux travailleurs qui rechignent, ils seront accusés de briser la grande concorde nationale voire de conduire notre pays à la faillite. Point de réquisition d’entreprise, point de nationalisation pour produire les instruments nécessaires à cette remise au travail forcée. Ce n’est donc pas de solidarité qu’il s’agit ici, mais bel et bien d’une mise à mort du prolétariat, comme toujours envoyé en première ligne sans garantie aucune. Car la petite-bourgeoisie, l’a assuré Philippe, restera protégée de la propagation du Coronavirus par le télétravail et la grande conservera le droit d’exploiter de manière toujours plus large les travailleurs martyrs.

Il apparaît empiriquement que la meilleure gestion de la crise reste dans la prévention généralisée, dans la production à haute échelle de matériel médical et donc dans la réquisition immédiate des usines, voire dans la nationalisation d’entreprises pharmaceutiques qui brillent par leur discrétion en ces temps troublés. Par ailleurs, seul le socialisme permettra d’éviter à la fois l’écueil de la crise financière (consubstantielle au mode de production capitaliste) et celui du désastre sanitaire.

 

Shannon-JRCF.

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