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L’Anglais à l’école ou l’école en Anglais ? D’une énième attaque contre la langue nationale

L’Anglais à l’école ou l’école en Anglais ? D’une énième attaque contre la langue nationale

Nous traitons aujourd’hui d’un sujet tout à fait dans l’air du temps, puisqu’il s’agit de l’introduction de l’Anglais dans l’enseignement. Non pas de l’introduction de l’Anglais à l’école - il faudrait être inconscient pour se refuser unilatéralement à proposer un enseignement de la langue de Shakespeare qui comme toute langue est une clé donnant accès à des trésors culturels. Non, il s’agit là de dénoncer le tout-Anglais comme sclérosage culturel, posture qui ne s’étaye qu’avec une analyse Marxiste et mène logiquement à la défense des langues nationales où qu’elles soient, dans le sillage d’une défense absolue du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Venons-en aux faits. En lien avec les activités de la Commission Européenne sur la période 1994-2007 s’est développé le programme EMILE, acronyme de “Enseignement d’une matière par l’intégration d’une langue étrangère”. Le principe ? Promouvoir l’enseignement par exemple de l’Histoire en Turc, des sciences du vivant en Malgache, de la physique en Mandarin. Le projet pédagogique est dans l’intention tout à fait louable, et l’on peut dans la pratique escompter de très bons résultats chez les élèves assujettis à ces expérimentations. Mais des bonnes intentions, on en a tout le tour du ventre, si vous me permettez l’expression. Des analyses concrètes de la situation concrète, nettement moins. Car il faut observer EMILE en action, et c’est tout ce qu’il y a de plus prévisiblement bourgeois.

Si le tout-Anglais est ultra dominant dans le monde du “business”, de la diplomatie, bref dans les affaires des grands de ce monde, c’est qu’il est bien un usage de classe. Et ce tout-Anglais managérial, aseptisé, à mille lieues du cockney des faubourgs Londoniens prend place dans l’éducation nationale aujourd’hui dès les plus jeunes classes d’âge. Ce sont pas moins de 126 écoles (maternelles et primaires) qui proposent aujourd’hui des enseignements bilingues, comprenez des enseignements “traditionnels” transposés en Anglais (surtout) ou autres langues. L’école Europole, située à Grenoble dans le quartier d’affaires du même nom, propose ainsi des Disciplines Non Linguistiques (DNL, les cours en langue étrangère) en Allemand, Anglais, Arabe, Espagnol, Italien et Portugais. L’auteur de cet article peut même témoigner, après être passé par un lycée privé de la Manche, de l’existence d’une DNL en Anglais jusqu’au fin fond du bocage. Lycée privé, admission à Europole conditionnée au passage d’un examen en langue… Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?* Evidemment le coût de recrutement d’une armada de professeurs bilingues pour enseigner ces DNL est invoqué pour justifier la mise en place d’un système à deux vitesse. Les élèves des couches sociales privilégiées, ayant baigné le plus tôt dans l’Anglais-globish, ou s’ils sont chanceux dans une véritable culture multilingue, se retrouveront le plus facilement dans ces cursus mondialisés. Et tant pis pour celui qui n’a pas eu la chance d’aller en vacances à New York, ou d’avoir une nounou Anglophone, ou Germanophone. En fait il n’aura pas eu de nounou du tout. Il ira donc avec ceux de sa classe (sociale), “cognitivement inférieure”, dans les classes (d’école) de seconde zone, où l’on apprend l’Anglais en cours d’Anglais.

“L’apprentissage d’une langue est aussi celui d’une culture.”

Alors quoi de plus étonnant que les idées dominantes, les idées de la classe dominante, utilisent la langue même comme vecteur de leur diffusion ? Et quelle meilleure aubaine pour le capital Euro-Atlantisé de faire oublier à la France qu’elle est une Nation révolutionnaire, consciente d’elle-même et prête à se battre pour défendre ce qui lui est cher, sa langue et ses enfants ?

Les militants franchement communistes patriotes n’ont jamais oublié que leur langue est un héritage qui leur revient de droit, et ils se battront toujours contre ceux qui veulent uniformiser les consciences en imposant un jargon managérial hors-sol interdisant la pensée critique. Nous sommes le pays de Robespierre et celui de Descartes, nous doutons et polémiquons en Français. Si demain cela nous est interdit il nous restera toujours Desperate Housewives pour nous consoler. Ensuite nous estimons que, pour désamorcer l'hégémonie du globbish, l'enseignement d'autres langues importantes (par le nombre d'humains les parlant) tel le Russe, le Chinois ou l'Arabe devraient être proposés dès le collège ou le lycée. Le Monde étant plein de richesses sans nécessairement se limiter à un territoire. 

 

Thibaud-JRCF

 

* Référence à Barbe-bleu

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