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Les accords de paix bafoués en Colombie

Les accords de paix bafoués en Colombie

La Colombie a connu cinq journées de grève générale appelées « paro nacional » au cours de l’année 2020, la dernière en date celle du 19 novembre 2020. Des organisations syndicales, politiques, associatives et divers collectifs de citoyens se sont mobilisés dans des manifestations massives. Beaucoup d’étudiants dans les universités des grandes villes ont pris part au mouvement de protestation. Les autorités ont utilisé une grande répression, avec une militarisation accrue et le recours au couvre-feu, contourné avec des concerts de casseroles (« cacerolazo ») sur les balcons.

Les syndicats de travailleurs colombiens ont des revendications salariales et liées au droit du travail, comme les conventions collectives. Il y a la défense des services publics et d’un enseignement supérieur ouvert aux jeunes des classes populaires. Mais un thème qu’il ne faut pas oublier, très présent dans les mobilisations et clivant dans la société colombienne, c’est la question de la violence et des accords de paix.

La guerrilla communiste des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie-Armée du Peuple (FARC-EP) et le gouvernement colombien à l’époque dirigé par Juan Manuel Santos ont signé un accord de paix le 24 novembre 2016 à Bogotá, après quatre années de négociations qui ont eu lieu à la Havane et à Oslo. L’accord prévoyait l’amnistie pour les guerrilleros et leur incorporation à la vie politique et sociale du pays, les combattants marxistes-léninistes ont d’ailleurs créé un parti toujours avec les sigles FARC (Force Alternative Révolutionnaire des Communs) maintenant nommé simplement Communs.

Les accords de paix ne sont pas respectés par le pouvoir en place. Depuis la signature des accords de paix, plus de 200 anciens guerrilleros ont été assassinés. Ces violences de type mafieux ne datent pas d’hier et ne s’abattent pas que sur des membres des FARC. En effet, l’assassinat de syndicalistes et de dirigeants paysans est monnaie courante. Entre 1985 et 2002, il y a eu une véritable politique d’extermination à l’encontre des membres du parti de gauche populaire anti-impérialiste Union Patriotique (issu d’un accord de paix antérieur entre l’État et les FARC), avec le massacre de cadres et membres du parti, conseillers municipaux, députés et candidats présidentiels. C’est une violence qui mêle l’État colombien  aux paramilitaires d’extrême droite (dont la profession est celle de tueurs à gages au service de l’oligarchie et de la grande propriété foncière, toujours en lien avec le narco-trafic). Avec l’arrivée d’Ivan Duque à la tête de l’État, cette politique d’élimination s’est intensifiée. Duque suit les pas de l’ancien président Alvaro Uribe, puisque ce sont des représentants de la fraction la plus réactionnaire et terroriste de l’oligarchie colombienne, les défenseurs du Non aux accords de paix. À cela faut ajouter la présence de sept bases militaires yankees en Colombie, soi-disant en lutte contre la drogue et le terrorisme des FARC. Sept bases yankees hautement équipées mais le pays représente quand même 70% des exportations mondiales de cocaïne. Cherchez l’erreur.

Dans ce contexte-là, des cadres des FARC comme Ivan Márquez et Jesús Santrich ont décidé de reprendre les armes dans ce qu’ils appellent la deuxième Marquetalia (« Segunda Marquetalia »). Beaucoup de communistes colombiens agissent dans la clandestinité. Nous ne pouvons qu’affirmer notre solidarité internationaliste avec nos camarades et le peuple colombien, et cela malgré les différences dans les stratégies de lutte des uns et des autres. La classe ouvrière a le droit de résistance à l’oppression, les communistes et les dirigeants  du mouvement ouvrier ont le droit à l’autodéfense face aux politiques d’extermination.

 

 https://nuso.org/articulo/por-que-protestan-en-colombia/

https://www.elcolombiano.com/cronologia/noticias/meta/paro-nacional

https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/la-droite-veut-la-guerre-en-colombie-le-non-a-laccord-de-paix/

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