3 Décembre 2021
La jeunesse remplit les rues de Quito, la capitale, et dans le reste du pays en protestation contre l'augmentation des prixs du carburants et produits de consommation courante.
Depuis le mois d’octobre la jeunesse équatorienne a laissé exploser sa colère, pour la troisième fois depuis 2019. Les mouvements des travailleurs et des peuples indigènes ont collaboré pour bloquer le pays en protestation contre la hausse du prix des carburants. Guillermo Lasso le successeur néolibéral de Moreno a ordonné par avance l’état d’urgence et la répression policière des manifestations montrant bien la peur bleue de l’oligarchie équatorienne des révoltes depuis 2019 (Moreno avait alors fui lâchement la capitale pour se réfugier dans son bastion à Guayaquil).
Le Front unitaire des travailleurs (FUT) a annoncé que les actions de protestation contre le gouvernement national, annoncées il y a quelques jours, reviendront après les cinq jours fériés nationaux qui débutent ce vendredi 29 octobre en Équateur. Le président de l’organisation, Ángel Sánchez, lors d’une conférence de presse ce mercredi, a également mis en garde contre une possible grève nationale indéfinie. Selon le dirigeant, cette décision est due au fait que le président Guillermo Lasso a publié le décret 239, lié à la réforme du règlement général de la loi organique du service public de l’énergie électrique. En outre, il a demandé à l’Assemblée nationale d’examiner le projet de loi sur le travail présenté les semaines précédentes par les organisations de travailleurs.
De leur côté, des paysans de la Confédération des nationalités indigènes d’Équateur (CONAIE) ont bloqué des routes dans 10 des 24 provinces équatoriennes, le deuxième jour de protestation contre les mesures de l’exécutif.
En parallèle de la mobilisation sociale se pose la question du système pénitencier et de l’enjeu sécuritaire en Équateur suite aux massacres du samedi 12 novembre 2021 et de septembre dernier, au cours desquels, au total 118 détenus auraient été tués, ainsi que suite à d'autres événements similaires survenus cette année, qui ont fait plus de 200 morts parmi les détenus. Les autorités attribuent cette crise à des affrontements entre des bandes criminelles qui se battent pour le contrôle des prisons et qui seraient liées à des cartels de la drogue qui utiliseraient le pays pour le trafic interne et international de drogue, provenant de pays producteurs comme la Colombie et le Pérou. C’est bien la jeunesse qui se voit sacrifiée, la jeunesse prolétarisée et abandonnée dans les quartiers populaires, recrutée souvent de force par les cartels ou à la recherche simplement d’un revenu suffisant pour leurs familles.
Le président équatorien, Guillermo Lasso, a ordonné le renforcement de la sécurité à la prison Litoral de Guayaquil, dans ce qu'il a appelé une opération massive visant à prendre le contrôle total de l'établissement pour une durée indéterminée, après qu'un affrontement entre gangs au cours d'une émeute a fait 68 morts parmi les détenus. Le Secrétariat à la communication de la Présidence équatorienne a indiqué qu'une opération conjointe a été mise en œuvre avec la police et les forces armées, afin d'assumer le contrôle total et absolu du centre pénitentiaire d'El Litoral. Environ 1 000 hommes, 500 de la police et 500 des forces armées, sont entrés dans le centre pénitentiaire pour y déployer, comme ils l'expliquent, des actions opérationnelles de contrôle d'accès et de contrôle du périmètre extérieur et intérieur. Les médias locaux ont toutefois rapporté dans la matinée qu'environ 3 000 soldats et 1 000 policiers ont participé à l'opération.
M. Lasso a déclaré que son pays était attaqué par les mafias du trafic de drogue qui tentent de prendre le contrôle des prisons, qu'il rend responsables des meurtres, bien que, selon la presse locale, la crise soit également le résultat de la négligence de l'État face à un problème de longue date.
Ce problème similaire pour tous les pays de la région s’est aggravé depuis les dernières années. Les néolibéraux n’ont jamais apporté de solutions, et pour cause ils ne remettent nullement en question l’impérialisme nord-américain - principal responsable du soutien au narcotrafic pendant la guerre froide - et ne s’attaquent nullement à la propriété privée des barons de la drogue ; sans compter la tolérance, non hasardeuse, de la corruption au sein des rangs de la police et de l’armée garantissant sa neutralisation dans toute opération contre les narcotrafiquants. Avec le soutien des marchands d’armes étasuniens, les cartels finissent par être mieux équipés et entraînés que les armées régulières, leur infligeant au besoin, d’humiliantes défaites (comme dans le cas du Mexique, 2019 -2021) tout en installant leur régime de terreur dans des régions entières.
Cuba socialiste fait seule figure de pays vierge de toute activité de narcotrafic (au-delà de quelques micro-trafics spontanés) grâce au travail de ses forces armées révolutionnaires (FAR), particulièrement des gardes côtes et des services de renseignement (MININT) et ce malgré toutes les tentatives d’introduire de la drogue et des armes illicites sur l’île par la base étasunienne illégale de Guantanamo (il s’agissait de sa première fonction avant de devenir un centre de torture pour prisonnier politiques, les archives de la CIA déclassifiées reconnaissant les faits sont d’ailleurs affichées au Musée de la Denuncia à la Havane).
Les gouvernements progressistes comme le Venezuela et la Bolivie ont tout de même obtenu des résultats encourageants avec des politiques de lutte contre la corruption dans les institutions régaliennes, la surveillance et le contrôle strict des frontières avec les narco-états comme la Colombie, et la destruction voire expropriation des terres utilisées pour la culture de stupéfiants montrant qu’il est bien possible de lutter contre ce fléau quand on veut s’en donner les moyens.