SUR LE PIQUET DE GREVE

Ces derniers temps, les syndicalistes américains subissent de plus en plus d’attaques. Malgré une crise du Covid qui n’en finit pas, aucune reconnaissance n’est accordée aux travailleurs essentiels qui ont subit la crise de plein fouet et aux travailleurs reprenant le travail malgré la situation. Les camarades de Workers World dressent ici l’état actuel de deux luttes ayant lieu respectivement à Hunts Point (grand marché de New York) et à Cincinnati (grande ville industrielle dans l’Ohio) puis retracent ensuite l’histoire du mouvement syndical des enseignants aux Etats-Unis.

Le patronat riposte face aux travailleurs de Hunts Point

Les attaques des patrons contre les syndicalistes ne sont pas nouvelles. Des lois insuffisantes et des amendes faibles encouragent les entreprises comme Amazon à embaucher des avocats briseurs de grève pour intimider les travailleurs et les inciter à rejeter les syndicalistes sur leur lieu de travail. Les travailleurs qui font grève ou qui se syndicalisent risquent leur emploi.

La section locale 202 des Teamsters[1] rapporte qu’au moins 26 syndicalistes du Marché de Hunts Point à New York ont été renvoyés depuis que le travail a repris à la suite de la grève pour une hausse de salaire d’$1 par heure travaillée. Ces travailleurs essentiels ont continué de travailler par roulement de 12h tout au long de la pandémie. Le Marché de Hunts Point est un lien vital dans la distribution alimentaire locale.

Prouver que ces licenciements sont des représailles est compliqué et les lois encadrant le travail ne sont pas assez poussées pour assurer le droit à la syndicalisation des travailleurs.

Des travailleurs handicapés en lutte à Cincinnati

Les travailleurs malvoyants et aveugles, qui composent les deux tiers de la main d’œuvre d’une usine gérée par l’Association de Cincinnati des Aveugles et Malvoyants, ont soumis à la direction leurs demandes quant au respect de leurs droits et des règles de sécurité.

Après la réouverture de l’usine à la suite d’un arrêt lié à la pandémie, la direction n’a pas suivi les règles de réembauche à l’ancienneté. La plainte indique que plusieurs travailleurs aveugles ont été injustement ciblés et non-réembauchés.

D’autres travailleurs ont été réembauchés et forcés à travailler à des postes différents pour des salaires moindres. L’entreprise a aussi retiré les barrières de sécurité qui protégeaient les travailleurs handicapés des zones où de la machinerie lourde était utilisée. Dave Pary, un malvoyant de la section locale 100 des Teamsters et ouvrier de l’usine, a fait référence aux organisateurs des Teamsters des années 30 qui favorisaient un contrat syndical court d’une seule page. Il a déclaré : « Les patrons ont l’air d’avoir de grandes difficultés à respecter un contrat, même aussi court, sans qu’on les y force ».

Le syndicat des enseignants est lié à l’Histoire des Femmes

Avant la révolution industrielle, le métier d’enseignant était un métier d’homme. Il n’y avait pas de système public d’éducation et enseigner n’avait rien à voir avec la profession d’aujourd’hui. L’industrialisation a offert plus d’opportunités de travail et les hommes se sont dirigés vers des métiers mieux rémunérés et ont abandonné les métiers de l’enseignement. Les jeunes femmes ont été entraînées dans la profession d’enseignante pour remplir le vide, amplifié par la croissance démographique de la fin du XIXe siècle et le développement du système public d’éducation.

Le patriarcat continuait à définir le système. Les femmes étaient payées moins que leurs collègues hommes et étaient forcées à démissionner lorsqu’elles se mariaient. Les hommes étaient les administrateurs du système d’école public. Les femmes ont répondu à cette exploitation en demandant de meilleures conditions de travail et une paie égale. La Fédération des enseignants de Chicago a été créée en 1897 par les enseignantes Catherine Coggin et Margaret Haley. Cette fédération a désormais grandi et est devenue la Fédération américaine des enseignants, un des syndicats les plus puissants du pays. Dans les années 40, la Fédération américaine des enseignants négociait de manière collective avec les commissions scolaires.

Aujourd’hui, la Fédération américaine des enseignants et d’autres syndicats locaux d’enseignants dans des grandes villes se battent pour la sécurité de leurs membres. Ils défient maintenant les maires et les officiels des commissions scolaires en refusant de retourner en présentiel dans les classes tant que la situation n’est pas sûre pour les enseignants et leurs étudiants. Ils perpétuent l’héritage des femmes qui ont défié les normes patriarcales des XIXe et XXe siècles.