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Elections au Kazakhstan : l'espoir renait-il en Asie centrale ?

Elections au Kazakhstan : l'espoir renait-il en Asie centrale ?

Le 10 Janvier 2021 se déroulaient les élections au Majilis (la chambre basse kazakhstanaise). Quelle est la situation politique de ce grand pays d’Asie Centrale et quel est le résultat pour les partis progressistes ?

Cette élection est très importante, elle se déroule en effet après la démission de Nursultan Nazarbayev, dirigeant historique de la république socialiste du Kazakhstan puis du Kazakhstan contemporain.

L’élection a la petite subtilité que certains des sièges sont réservés aux représentants des minorités du Kazakhstan (russe, ukrainienne, allemande, coréenne…).


Ce pays a été dirigé d’une main de fer par un pouvoir relativement personnel, celui de Nazarbayev. On peut s’attarder un petit peu sur ce dernier, véritable caricature du dirigeant mégalomane ayant rebaptisé énormément de monuments, axes routiers, équipement de transports ou universitaires avec son propre nom, ayant écrit lui-même les paroles de l’hymne national du Kazakhstan et ayant dessiné les plans de la tour d’Astana, principal monument national et symbole du Kazakhstan moderne. Il a même eu l’audace de renommer la capitale Astana avec son propre prénom Nur Sultan récemment, par l’intermédiaire de son successeur. La transition entre ce vieux dirigeant hérité de l’URSS reconverti en petit autocrate et son successeur s’est pourtant faite sans encombre.  A l’instar de Shavkat Mirziyoïev, l’ancien premier ministre Ouzbek appartenant au clan de Samarcande, comme le dirigeant historique Ouzbek Karimov, qui assume la continuité du pouvoir, la transition s’est faite naturellement. Ces clans en Asie centrale, après la destruction du système tribal au 20eme siècle, sont la manière d’appeler un réseau d’allégeances politique, économique, mafieuse, régionale et tribale. Au Kazakhstan, c’est un fidèle de Nazarbaïev bien sûr qui a pris la suite du pouvoir, l’ancien premier ministre Kassym-Jomart Tokaïev.

Dans ce nid de vipères, de la politique en Asie centrale, qui comme dans beaucoup de pays post-soviétiques, sont devenus des oligarchies autoritaires, où d’anciens cadres des services de sécurité soviétiques ont pris le contrôle des grands secteurs économiques et naviguent entre les influences chinoise, russe et américaine, comment se positionnent et se reconstruisent les partis progressistes ?

Et bien les résultats des dernières élections, probablement soumises à diverses fraudes, sont malgré tout encourageants pour les partis progressistes. Au Kazakhstan le Parti Populaire du Kazakhstan (communiste) arrive troisième (9%) et franchit la barrière des 7 pour cent nécessaires pour être représenté au Majilis derrière des partis de droite libérale ou conservatrice soutenant le pouvoir mais devant le parti de droite libérale pro-américain et le parti de gauche agrarien.

Le parti communiste est reconnu le 21 juin 2004. Il comptait, à l'époque, entre 90 000 et 100 000 adhérents (0,6% de la population totale du Kazakhstan). Lors des élections législatives de 2004, le parti obtient 1,98 % des suffrages. Lors des élections de 2007, le parti rassemble 1,29 % des suffrages et n'atteint toujours pas le seuil électoral de 7%, nécessaire pour faire son entrée au Majilis. En obtenant près de 500 000 voix, le parti réussi à faire élire des députés pour la première fois de son histoire à l'occasion des élections législatives de 2012. Il réédite cette performance 4 ans plus tard, à l'occasion des élections législatives de 2016, et progresse de 38 000 voix par rapport à l'élection précédente.

Le parti étant un parti communiste au moins à l’origine même s’il s’est rebaptisé récemment, l’idéologie est toujours franchement socialiste. Le parti s’est fixé les tâches suivantes :

  • Dans la sphère politique - lutte pour la démocratisation, conquête du pouvoir, établissement d'une véritable démocratie, construction de la République populaire du Kazakhstan, reconnaissance de la propriété excluant l'exploitation de l'homme par l’homme.
  • Dans le domaine économique – développement en surmontant l'orientation vers les matières premières, introduction de technologies modernes dans l'industrie et l'agriculture, rétablissement de la propriété de l'État dans les secteurs clés de l'économie.
  • Dans le domaine social - rétablissement et extension de la sécurité sociale pour la population qui existait dans le pays avant les réformes des années 1990.
  • Dans les relations internationales - soutien du processus d'intégration de la république avec les pays de la CEI[1], lutte contre le terrorisme, renforcement de la coopération internationale.

 

Le parti est maintenant renouvelé et beaucoup plus jeune que par le passé. Il porte un grand intérêt aux nouvelles technologies, comme Internet ; il développe des outils numériques pour améliorer la démocratie interne au parti, avec des systèmes de votes, de formations en ligne pour les membres du parti. Il a aussi une très belle action humanitaire en apportant nourriture, et autres aides aux familles de travailleurs les plus paupérisées dans toutes les régions du Kazakhstan.

Contrairement, à certains partis post-soviétiques vieillissants, issus des partis communistes d’URSS, se complaisant parfois dans la nostalgie d’un passé glorieux, le parti populaire du Kazakhstan est glorieusement tourné vers l’avenir et va de progrès en progrès au niveau électoral depuis plus de 15 ans.

 

 

Boris-JRCF
 
[1] Communauté des Etats indépendants.

 

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