Trumpisme, black lives matter et fragmentation des élites aux Etats-Unis

Que penser de la division des élites américaines ? Comment les progressistes véritables peuvent-ils se positionner par rapport à cela ?

Les élites américaines n’ont jamais été aussi divisées. Elites démocrates et républicaines représentant des secteurs variés du capital ou différents groupes d’intérêts ethnoreligieux. Une des armes utilisées dans ce combat pour le pouvoir est l’arme du populisme. Ce terme est d’habitude utilisé pour invalider à l’avance son adversaire politique. Ici nous l’utiliserons plutôt pour qualifier l’apparition d’un soutien populaire parmi les couches inférieures à certaines élites en opposition à d’autres élites. Typiquement, le trumpisme a une large base ouvrière, surtout blanche, enthousiasmée par des idées nationalistes, nativistes, conservatrices sur les mœurs et anti-libérales. Il y a aussi une dimension économique, importante mais non substantielle, la volonté de réindustrialiser le pays après des décennies de destruction de l’emploi ouvrier aux Etats-Unis.

En miroir, un autre populisme existe, promu par d’autres fractions de la classe dirigeante, les élites démocrates liées à Wall-Street, aux industries de défense et à l’état policier américain (agences de renseignement, hautes administrations…).

Ce populisme fait appel aux notions libérales d'égalité de représentations des différents groupes ethniques américains dans les strates de la société. Sa base aussi est blanche mais plus instruite. Elle veut au contraire en finir avec le puritanisme et le conservatisme des mœurs. Leur principal ennemi est le « redneck » de la droite populiste. Ces oppositions garantissent au pouvoir en place qu’un récit rassemblant les américains sur une base de classe n’apparaisse pas. Rassembler sur une base de classe pourrait dégager pourtant une majorité encore bien plus grande. C’est l’envers de cette guerre entre le populisme de droite et le populisme de gauche, c’est la garantie pour les classes dirigeantes de conserver le pouvoir et de mener leur vraie guerre, la lutte des classes de ces élites contre les américains des classes populaires et moyennes en disparition.

Les élites libérales ont été très efficaces pour culpabiliser par association sur tout sujet que les populistes de droite pouvaient proposer comme le retrait des troupes de l’étranger, la recherche de compromis avec la Russie et ainsi stabiliser la situation en Ukraine ou en Syrie, la réindustrialisation. Cela permet une police de la pensée pour mettre au pas les progressistes qui proposeraient ces politiques de bon sens mais ne veulent en aucun cas être associés aux populistes redneck de droite.

Ni les populistes de droite, ni les populistes de gauche ne s’occuperont des questions urgentes : sociales, diplomatiques ou écologiques. Aucun de ces partis n’est disposé à mettre en place les nécessaires mesures de planification pour éviter le désastre de paupérisation qui frappe le monde entier si on exclut les populations chinoises qui sont virtuellement les seules à avoir eu des augmentations de qualité de vie significatives ces dernières années. Au loin le changement climatique et les crises migratoires qui en résulteront se profilent.

Est-ce que ces deux populismes sont aussi mauvais l’un que l’autre ? Peut-être pas, vous avez le droit de choisir de vous écraser dans le platane, à bord d’une Toyota Prius hybride écologique ou d’un très vulgaire 4X4 Hummer. Mais ce n’est pas suffisant.

Il faut que les progressistes des Etats-Unis, d’Europe et de notre pays la France gardent la tête froide et ne deviennent pas les petits soldats du populisme créé par les élites, fussent-elles progressistes. Se remettre au travail et construire un récit basé sur la classe, indépendant de ces élites « progressistes » ou de droite, récit qui doit défendre tous les travailleurs sans distinction en défendant une vision du monde matérialiste et scientifique.

Boris- JRCF