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La ligue des Jeunesses Communistes du Québec des années 30 à la Seconde Guerre mondiale

La Jeunesse Patriote Communiste du Québec nous a généreusement offert un livre retraçant, du début du 20ème siècle jusqu’aux années 80, l’histoire du mouvement socialiste au Québec. Intitulé Les militants socialistes du Québec : d’une époque à l’autre, le livre est écrit par Henri Gagnon, militant communiste de longue date et syndicaliste canadien décédé en 1989. L’ouvrage est excellent et mélange l’histoire à l’autobiographie, tout en traitant de divers sujets, de l’impact de la révolution russe au Canada, du mouvement d’occupation des logements des vétérans sans-logis (aussi nommé mouvement des squatters), ou du malheureux congrès de 47 malheureux durant lequel une partie des militants du Québec furent exclus (dont H. Gagnon), avant leur réhabilitation en 1956.

Toutefois, ce qui nous intéresse ici, c’est la partie infime du livre portant sur les débuts de la Ligue des Jeunesses communistes de langue française, de 1938 et durant la Seconde Guerre mondiale, car elle démontre l’un des rôles car elle témoigne du rôle de de la Jeunesse communiste de chacun des pays.

Seulement un an après leur création (1938), la Ligue des Jeunesses communistes de langue française devenait autonome de sa partie anglaise, cela grâce à l’étroite collaboration des anglophones et francophones du Canada. À noter qu’au niveau national, la Ligue des Jeunesses communistes du Canada fut la seule organisation de jeunesse présente au sein de toutes les provinces du pays, et que la jeunesse communiste québécoise fut le fer de lance du mouvement révolutionnaire de la région. Tout cela, alors que le mouvement québécois devait faire face au harcèlement des escouades antisubversive et de la « loi du cadenas », une loi luttant contre la « propagande communiste » (sic) et qui doit son nom aux cadenas apposés aux maisons pour en empêcher l’accès.

En plus de l’activité syndicale, en préparant et en participant aux grèves, les jeunes communistes et les organisations proches* organisaient un véritable travail culturel auprès des masses, partant de ce principe simple : transformer le monde, c’est vivre avec et comme le peuple. Ainsi, en plus de débattre pendant des heures sur certains sujets dans les cellules de la Ligue, comme le raconte H. Gagnon, les jeunes organisaient régulièrement des soirées d’éducation populaire, avec pour conférencier des fois des militants de langue anglaise. Loin de se limiter à cela, ils organisaient soirées dansantes et rencontres sportives, se rendant ainsi populaires auprès de leurs concitoyens. Comme le raconte Henri Gagnon, ces initiatives partaient de l’idée que la réponse aux petits problèmes humains était aussi importante que les questions d’ordre idéologiques, et qu’un communiste ne pouvait pas les mépriser sans être un marxiste « autoproclamé ». En termes de pratique, cela permit concrètement de faire venir pendant cette période beaucoup de nouveaux membres, ce qui fait qu’au début du second conflit mondial, lors de l’interdiction du Parti communiste du Canada après le Pacte de non-agression germano-soviétique, la Ligue française se dotait de 150 adhérents et presque autant de sympathisants.

Lors du début de la Seconde Guerre mondiale – cela peut paraître surprenant à des communistes européens, peu aguerris à l’histoire du Canada-, les communistes canadiens se sont mobilisés contre la guerre menée par le  Canada aux forces de l’Axe (Allemagne hitlérienne, Italie fasciste et Japon impérial), au motif qu’elle serait une guerre entre impérialistes, et contre la conscription des Québécois, une vieille tradition de lutte de la région.

Ce seront les jeunes qui durant l’illégalité joueront le rôle d’avant-garde du Parti, notamment parce qu’il était plus facile pour eux de disparaître que pour les militants plus âgés ayant des familles. Leur rôle fut de partager le plus possible les mots d’ordre anti-guerre, au travers de placardage d’affiches, de l’usage de la peinture « White traffic » pour tracer des mots d’ordre sur la route, la distribution de tracts ou encore le lancer d’un millier de tracts volants (parade Saint-Jean-Baptiste, juin 1940). C’est encore la jeunesse qui fut chargée par le Parti de maintenir la tradition du 1er mai pour l’année 1940, comme le raconte l’auteur dans son livre :

« Malgré l’illégalité, la ville fut pavoisée à l’aide de 40 immenses drapeaux rouges, « œuvre de Madame Durand ». Ces drapeaux ornés d’une feuille d’érable, de l’emblème du marteau et de la faucille, furent posés sur les édifices publics dont des banques, par des équipes de deux personnes. »

Henri Gagnon, p. 137.

 

Cette lutte contre la guerre deviendra une franche participation à l’effort de guerre après l’attaque des nazis contre l’URSS et la nécessité de défendre la patrie du socialisme.

 

À plusieurs titres, l’activité de la Ligue des Jeunesses communistes de langue française dans cette période peut être un exemple pour nous – tout en prenant en compte des différences historiques et sociales de nos deux pays –  sur ce que nous entendons faire, à notre modeste échelle, sans encore le nombre qu’il faut : une organisation de jeunesse de masse, avec un mot d’ordre politique partagé par le plus grand nombre, pour incarner un rôle véritable dans le combat révolutionnaire de notre pays.

 

*Par exemple, le Centre de la Jeunesse et Fédération des Jeunes Travailleurs.

La ligue des Jeunesses Communistes du Québec des années 30 à la Seconde Guerre mondiale
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