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JRCF

Sortir de l'anticommunisme : l'Holodomor

Le terme Holodomor signifie en ukrainien "extermination par la faim". Il désigne spécifiquement la grande famine en Ukraine au début des années 30. Si la famine faisait partie d'un contexte plus général de famines en URSS, certains "historiens" et "militants" parlent volontier de génocide et prêtent un caractère volontaire à la famine. 

Ce serait l'infâme Staline qui aurait ainsi volontairement affamé une population d'un territoire qu'il tentait d'industrialiser ! 

Cette thèse, qui fait encore polémique aujourd'hui, permet à des nazis ukrainiens de se sentir pousser des ailes dans la réecriture de l'histoire orchestrée actuellement. Nazis ukrainiens à la fois farouchement russophobe et antisémite. 

Sans traiter la question longuement, nous vous en donnons un aperçu par l'intermédiaire de notre camarade historienne Annie Lacroix-Riz, répondant entre autres à ses calomniateurs.

Annie LACROIX-RIZ : La campagne internationale sur "la famine en Ukraine", de 1933 à nos jours (Conférence du 16 janvier 2016)

 

Annie LACROIX-RIZ :  La campagne internationale sur "la famine en Ukraine", de 1933 à nos jours (Conférence du 16 janvier 2016)

 

Conférence no 4 du Cycle 2015-2016 - Jeudi 14 janvier 2016 - Amphi Roussy (Campus des Cordeliers)

Annie Lacroix-Riz est professeur émérite d'histoire contemporaine à l'Université Paris-VII.

Michel Gruselle ouvre la séance avec les remerciements d'usage et souligne le scandale que représente la condamnation des syndicalistes de Goodyear à Amiens. Une pétition circule sur Internet qu'on vous appelle bien entendu à signer. Notre conférencière (que vous connaissez bien) et son exposé devaient être présentés par Aymeric Monville qui, ayant prévu d'être en retard, nous a fait parvenir le texte suivant :

Présentation de la conférence d'Annie Lacroix-Riz par Aymeric Monville

Un mot d'abord sur la question des famines dans un pays immense comme la Russie (puis URSS), mais on pourrait dire la même chose de la Chine : nourrir une population nombreuse sur un territoire aussi étendu a toujours constitué un casse-tête pour des pays longtemps confrontés, avant leur développement industriel, aux famines dites "d'ancien type", bien analysés par Pierre Vilar (au passage, professeur de Mme Lacroix-Riz). Rappelons - c'est après tout l'essentiel -, que pour ces deux pays, c'est sous le régime du socialisme réel que le spectre de la famine a été définitivement repoussé et leur indépendance nationale affirmée. La dernière famine en URSS remonte à l'hiver 45-46, et est due bien sûr aux ravages de la guerre, ce qui d'ailleurs montre combien les USA n'ont apporté une aide à l'URSS qu'au compte-goutte, de manière à lui garantir les moyens de vaincre l'armée nazie mais d'en sortir très affaiblie (et encore après Stalingrad, ce que nous confirme le livre de Roberts, Les Guerres de Staline, préfacé par Mme Lacroix-Riz).

Quoi qu'il en soit, quelque décisif que fût l'apport des communistes à la disparition définitive des famines, il nous faut toujours tenir compte du fait que dans la propagande anti-communiste - et c'est une loi presque aussi importante que celle de la chute des corps - : toutes les famines dans les pays communistes sont de la faute des communistes, toutes les autres sont dues aux aléas climatiques.

La thèse dite de la famine génocidaire en Ukraine, d'abord forgée par les nazis, comme Douglas Tottle l'a bien montré, n'a été reprise que récemment, à l'époque de Reagan, par un "historien" ancien membre du MI-6, Robert Conquest, décédé d'ailleurs l'année dernière, dans son livre Harvest of Sorrow. Et ce, au mépris de toute rigueur historique, les travaux de Mark Tauger, spécialiste - non communiste, faut-il le préciser - des famines en URSS et en Chine (disponibles en anglais sur internet et en cours de traduction en France) ayant montré 1) que les problèmes de ravitaillement à l'époque touchaient toutes les grandes villes d'URSS 2) que la collectivisation avait été précisément une réponse aux aléas climatiques et non un facteur aggravant. Les récentes réfutations par Grover Furr de l'ouvrage de propagande de Timothy Snyder montrent également que la thèse de Conquest prend l'eau, malgré le soutien officiel qu'elle trouve auprès des agences de propagande étasuniennes et, surtout, de leurs supplétifs néo-nazis en Ukraine et ailleurs.

Aujourd'hui, plus précisément, Annie Lacroix-Riz reviendra sur l'émergence de la propagande en Occident à propos de la famine de 1933 et ses suite.

Qu'il me soit permis par ailleurs de rendre hommage au courage intellectuel de Mme Lacroix-Riz dans cette polémique où il n'y avait pour elle rien à gagner mais tout à perdre, fors l'honneur, l'honneur des communistes qu'il faut parfois défendre à leur place, beaucoup d'entre eux ayant démissionné, prêts à s'incliner devant toute nouvelle provocation des pires éléments impérialistes, ce front étasuno-islamisto-nazi qui sème la terreur dans le monde actuellement.

Introduction

Tout d'abord, précise Annie Lacroix-Riz, indiquons que la publication en français des travaux de Mark Tauger (jusqu'ici non traduits) est un événement qui va nous permettre d'aborder dans de bien meilleures conditions la question de la grave disette qui a frappé tout le sud de l'URSS au début des années 1930. Disette ou famine? Mark Tauger est un spécialiste de l'agriculture russe et soviétique et ses études, qui vont sortir chez Delga, vont éclairer cette question des années 1930 soviétiques. On sera donc en bien meilleure position pour poser scientifiquement le problème de la "conjoncture ukrainienne". Annie Lacroix-Riz rappelle qu'au début des années 2000, elle avait proposé un schéma d'interprétation qui n'est certainement pas invalidé aujourd'hui. En effet, les événements de 2014-2015, la campagne politique et les "sanctions" antirusses montrent clairement l'existence d'un enjeu ukrainien. [1]

Ici, on se propose de démonter et de dénoncer la campagne de propagande sur la (soi-disant) "famine génocidaire" organisée par Staline-le-tyran en 1932-1933 en Ukraine, campagne qui ne correspond à aucune réalité. Tout d'abord, les disettes étaient des phénomènes récurrents dans ces régions de l'Ukraine et du sud de la Russie jusqu'au Khazakstan en raison des aléas climatiques, de la faible productivité de l'agriculture et de la faiblesse des transports. En 1932, toute la région subit des pluies diluviennes qui furent suivies d'une terrible sécheresse et la récolte fut désastreuse. Cette situation se conjugua avec les troubles consécutifs à la collectivisation de 1930 qui fut marquée par des actes de résistance et un abattage massif du bétail. Naturellement, la propagande anti-soviétique s'est emparée de l'affaire en prétendant que tout était dû à la politique de collectivisation, "aberrante" par principe.

Depuis 2004, il existe un ouvrage de référence sur l'agriculture soviétique : Robert W Davies and Stephen G Wheatcroft, "The years of hunger : Soviet agriculture, 1931-1933", Palgrave-Macmillan, 2004 (en Bibliothèque à la BIS-Sorbonne) Avec une excellente critique de Mark Tauger. On est là dans le domaine de l'explication scientifique. [2]

Là-dessus s'est greffé un autre enjeu : l'activité du courant autonomiste ukrainien qui a encouragé la résistance à la collectivisation des paysans privilégiés.

Un troisième facteur a été révélé par le jeu diplomatique et n'a rien à voir avec cette discussion (famine ou pas famine?). Depuis le putsch de Kiev de février 2014 et les combats consécutifs dans le Donbas, "l'enjeu ukrainien" est devenu très clair.

La question ukrainienne n'est pas idéologique, ni récente. C'est un enjeu géopolitique. Avant 1914, le financement des autonomistes ukrainiens était allemand. Le problème ne date pas de l'Allemagne hitlérienne, ni d'aujourd'hui.

Ici, il n'est pas du tout inutile de rappeler deux ouvrages qui éclairent cet enjeu en examinant la politique coloniale allemande depuis la fin du 19e siècle :

Fritz Fischer : "Les buts de guerre de l'Allemagne impériale, 1914-1918". Ouvrage monumental publié en 1961-65 et qui a donné lieu à une importante polémique sur la responsabilité de l'Allemagne dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Fischer souligne l'importance de la volonté d'expansion coloniale des milieux dirigeants allemands. Ils voulaient battre la France pour s'emparer de ses possessions coloniales (projets d'une Afrique centrale allemande), mais aussi réaliser un expansion vers l'Est, en commençant par l'Ukraine et les Pays baltes.

Helmut Bley : "Namibia under German rule", thèse publiée en 1998, qui évoque le génocide des Hereros, de 1905 à 1906-07, et cite un article du Deutscher Sud-Africa Zeitung se demandant pourquoi ne pas en faire autant en Russie centrale et méridionale? qui est tout de même plus proche que l'Afrique australe.

Charles Bloch (1986) historien de l'Allemagne a bien montré que le politique extérieure de Weimar était en continuité avec celle du Reich et qu'elle introduisait sans rupture celle des nazis.

- Dans un article de 1930, intitulé "l'Avenir de la Pologne", un journaliste et homme politique polonais d'extrême-droite notoire, Roman Dmowsky (1864-1939)[3], proposait l'analyse économique suivante : les matières premières de la région sont bien localisées. L'Ukraine possède presque tout et en particulier d'importantes ressources de charbon qui font l'objet d'un grand intérêt de la part des milieux économiques allemands et américains. Certes, l'Ukraine n'a pas de pétrole, mais elle est adossée au Caucase (aux pétroles de Bakou et de la Caspienne) dont elle est la porte d'entrée. Et de conclure : en arrachant l'Ukraine à la Russie, on lui arracherait les dents.

Par ailleurs, les autonomistes ukrainiens étaient déjà un élément important de ces calculs géopolitiques. C'était une toute petite minorité, originaire de l'ouest de l'Ukraine et entretenue par l'étranger.

Dans "Le choix de la défaite", Annie Lacroix-Riz a évoqué le colonel Mendras, attaché militaire français à Moscou. En 1933, il écrit au ministre de la guerre Daladier : "…Entre l'Allemagne, la Pologne et la Russie, l'indépendance de l'Ukraine ne peut être qu'une fiction."

Nos carences françaises

Beaucoup d'informations n'étant pas accessibles en France, il faut aller les chercher à l'étranger. Les fonds publiés du Foreign Office « sur l’Ukraine et la grande famine de 1932-1933 » (The Foreign Office and the Famine. British documents on Ukraine and the Great Famine of 1932-1933) évoquent une opération de propagande allemande de 1933 à forte portée de politique extérieure. En particulier, le Document no 62, « Mémorandum de Ponsonby Moore Crosthwaite sur l’histoire de l’Ukraine et ses relations avec la Pologne et la Russie, 11 décembre 1933 ». Pour les Britanniques ("impérialisme caniche"), les appétits allemands à l'Est ont été exacerbés par la crise de 1929. La famine de 1932-33 n'est pas prise au sérieux. Ce que confirment d'autres documents émanant de personnalités très anti-bolcheviques. Ainsi, André François-Poncet (1887-1978), représentant du Comité des Forges et Ambassadeur à Berlin de 1931 à 1938, a écrit que "la campagne sur les famines est déjà amorcée car Berlin a besoin d'une sécession [de l'Ukraine]." Au même moment, il évoque des "bruits de complots à la tête de l'Armée Rouge" et il confirme que "l'Armée en Russie doit prendre de plus en plus d'importance". Et ailleurs : "les tendances subversives dans l'Armée Rouge sont encouragées par la Reichswehr. L'enjeu du complot, évoqué par plusieurs sources est le suivant : après un putsch dirigé par Toukhatchevski le nouveau gouvernement russe accorderait son indépendance à l'Ukraine où entrerait la Reichswehr.

Dans les années 1930, les Etats-Unis s'intéressent également beaucoup à l'Ukraine. Les études publiées récemment par les historiens anglo-saxons montrent qu'ils ont continué de le faire pendant et après la Deuxième Guerre mondiale, de la même manière qu'on le voit aujourd'hui.

On voit donc à quel point la question de la famine fait partie d'un contexte d'enjeux géopolitiques.

Les campagnes cachées derrière le paravent de la lutte contre la "barbarie soviétique".

Douglas Tottle (1987) "Frauds, famine and fascism : The Ukrainian genocid myth, from Hitler to Harvard" (le mythe du génocide ukrainien, des années 1930 à maintenant) Téléchargeable intégralement sur Internet : "tottlefraud.pdf" contient l'essentiel des infos et des noms

Christopher Simpson (1988) le recrutement des nazis par l'Amérique après la guerre. En 1999, il a publié "Universities and Empire: Money and politics in the social sciences during the cold war" : Téléchargeable partiellement sur Internet. Bibiothèques : BDIC-Nanterre et Sciences-Po

Scott Lucas (professeur d'histoire à Birmingham, UK) : "Freedom's war : the US crusade against the Soviet Union, 1945-1956", Manchester Univ. Press, 1999. (La croisade américaine contre l'URSS de 1945 à 1956). Bibliothèques : BDIC-Nanterre et Sciences-Po.

Richard Breitman, avec Norman JW Goda : "Hitler'shadow : Nazi war criminals, US Intelligence and the cold war." National Archives (2004). Voir, particulièrement, le Chapitre V : "Le renseignement allié et l'organisation des nationalistes ukrainiens." Les Etats-Unis ont fait de l'Ukraine une cible et un terrain d'action et de propagande privilégié. Référencé sur Internet. Breitman, spécialiste de l'Holocauste est choqué par l'action du Département d'Etat qui a recruté un très grand nombre d'anciens nazis.

Campagnes allemandes.

Otto Schiller, était avant la Deuxième Guerre mondiale, attaché agricole à l'ambassade d'Allemagne. Par parenthèse, il deviendra pendant la guerre - d'après Tottle - un responsable nazi assez haut placé pour jouer un rôle dans la réorganisation de l'agriculture ukrainienne au bénéfice des Allemands. [4] Si l'on en croit une lettre de Mendras, Schiller passe son temps à sillonner l'URSS, surtout l'Ukraine, et il prend énormément de photographies. En 1933 les Allemands publient un rapport sur la famine "inévitable" en Ukraine, tellement inévitable qu'on ne la voit toujours pas venir. Quant aux photos de Schiller, elles ont disparu. Elles ne devaient sans doute pas montrer beaucoup de cadavres puisque, dans les campagnes de propagande qui s'amorcent, on utilise les photos de la "vraie" famine, celle de 1921-1922 (après la guerre civile russe, une famine terrible, générale, et bien documentée). La France était également très informée de la situation intérieure soviétique grâce à un dense réseau d'espionnage organisé en 1922 depuis Riga, alors qu'elle n'avait pas encore de relation diplomatique avec l'URSS. Or aucun document français n'évoque de véritable famine en Ukraine au début des années 1930.

La campagne allemande sur la "famine en Ukraine" commence dès 1932. Les "mouvements ukrainiens", tous financés par l'Allemagne, colportent une série de "témoignages" relatifs aux "enfants mourants", à des "faits de cannibalisme", etc. Ces "témoignages" sont très stéréotypés et on les retrouve dans toutes les campagnes de ce genre, jusque dans les années 1980. A l'époque, cette campagne est relayée par le journal "Renaissance" des Russes blancs, financé par l'Allemagne et par Sir Henry Deterding (fondateur de la Royal Dutch Shell, qui a soutenu par ailleurs toutes les révoltes du Caucase puisque les pétroles de cette région avaient été nationalisés par les bolcheviques). Un article de ce journal, intitulé "Famine et chaos" (août 1932) est cité parmi les documents réunis et synthétisés dans : "Ukraine 1933, mise à jour de novembre-décembre 2008", sur le site "historiographie.info" d'Annie Lacroix-Riz (Travaux > Présentation critique…).

Toute la campagne est venue du centre allemand et du Vatican, passé du rôle de bras idéologique de l'Empire Austro-Hongrois à celui d'appui idéologique de la République de Weimar et du IIIe Reich. Le Concordat, signé avec celui-ci en juillet 1933, prévoit une collaboration étroite dans tous les territoires concernés par une future expansion allemande, surtout en Ukraine. L'évêque uniate[5]de Lvov (ou Lviv, ou Lemberg), André Szepticky, est au centre de toutes les campagnes.

A l'été 1933, la récolte ukrainienne et soviétique est excellente. C'est l'une des meilleures sur plusieurs décennies. Or c'est justement là que la campagne se déchaîne sous l'égide de l'Archevêque de Vienne, le cardinal Innitzer, un Allemand des Sudètes artisan de l'Anschluss, qui se voit chargé d'un "Comité de la Famine en Ukraine". Ce prélat lance un appel pour demander "des éclaircissements" sur la situation alimentaire en URSS et surtout en Ukraine (septembre 1933. Il est relayé par des fédérations d'Ukrainiens à l'étranger. Tout ce battage provoque les ricanements de l'ambassadeur François-Poncet : "…on comprend bien pourquoi l'Allemagne se lamente sur le sort de ces pauvres Ukrainiens."

Lors de la réactivation de cette campagne dans les années 1980 (en particulier par Robert Conquest dont le pedigree est très instructif), l'éditorialiste Jeff Coplon évoquait avec ironie la "faminologie" américaine : « A 55-year-old famine feeds the Right » (une famine qui date de 55 ans nourrit la Droite), Village Voice (New York City), 12 janvier 1988. (cité, p.31, dans le recueil de documents sur le site d'Annie Lacroix-Riz).

Rôle de la Pologne.

La Pologne joue un rôle important à l'époque (comme aujourd'hui) dans l'amplification de la campagne. Il est alors question d'une alliance militaire germano-polonaise visant l'Ukraine. Mais les attachés militaires français ne sont pas dupes. Les cadres français connaissent bien l'armée polonaise qu'ils ont épaulée pour bloquer la contre-offensive de Toukhatchevski devant Varsovie en 1920. Les rapports militaires expliquent qu'il ne faut pas compter sur elle pour aller loin car les grands propriétaires polonais du sud "traitent les paysans ruthènes comme des serfs".

Toutes les campagnes sont parties de Lvov, centre uniatiste de l'ouest de l'Ukraine. A l'époque, le Vatican déteste la Pologne et manœuvre pour la reconstitution de l'Empire Austro-Hongrois au sein du Reich allemand. Il œuvre pour un rapprochement germano-polonais et ses efforts aboutissent à "l'Alliance de dix ans" entre l'Allemagne et la Pologne, signée en janvier 1934. Pilsudski et Beck (ministre des Affaires étrangères) sont les "caniches" de l'Allemagne et des Américains. Ces deux-là ont trahi leur pays de toutes les façons possibles et aidé énormément l'Allemagne. Beck s'est d'ailleurs fait payer par ses commanditaires. Le Reich revendiquait Gdansk-Dantzig (qui était la fenêtre polonaise sur la Baltique mais brisait la continuité du territoire allemand avec la Prusse orientale et Königsberg) en laissant croire aux Polonais qu'ils pourraient se rattraper sur l'Ukraine (laquelle leur fournirait un débouché sur la Mer Noire). Mais les Allemands ont été abominables avec les Polonais. En juin 1934, deux jours après avoir reçu Goebbels en grande pompe à Varsovie, le ministre de l'Intérieur polonais B. Pieracki, fut assassiné par des Ukrainiens de l'OUN, dirigés par Stepan Bandera et financés par le Reich.

Campagnes américaines. La "faminologie" de Coplon, dénoncée par Tottle ("Fraud, Famin and Fascism").

Tottle évoque dans son Chapitre 1, "Thomas Walker, l'homme qui jamais ne fut", un soi-disant journaliste ayant effectivement traversé l'URSS de la frontière polonaise à la frontière mandchoue du 12 au 25 octobre 1934 et qui, en si peu de temps (dont l'essentiel dans le Transsibérien) aurait vu dans les villages russes, les ravages d'une famine de "six millions" de victimes dont il abreuva de photographies et d'articles plusieurs titres de la Presse Hearst. En fait, Walker était un repris de justice évadé (un certain Robert Green) embauché par la presse Hearst. Arrêté à son retour, il reconnut que tous les articles et toutes les photos étaient des faux. Ce fiasco n'empêcha nullement le pro-nazi William Randolph Hearst [NB le "Citizen Kane" d'Orson Welles], qui avait rencontré Hitler en 1934 juste avant de commencer sa campagne sur la "famine ukrainienne" de poursuivre celle-ci en 1935, en relayant les affirmations du Comité Ukraine du cardinal Innitzer et en publiant les fabrications d'une série d'autres faux témoins.

Dans les années Reagan, la reprise de cette campagne s'est effectuée avec les mêmes faux témoignages et faux documents. En effet, l'origine se situe au niveau des mêmes associations d'immigrés ukrainiens, localisées dans des zones géographiques précises, aux USA et au Canada (Toronto). C'est là que s'étaient installées, avant la Première Guerre mondiale, les premières colonies d'immigrants ukrainiens qui furent rejointes par un nouveau flot arrivants après 1917. Coplon évoque le vieil antisémitisme des milieux autonomistes qui, en Ukraine, avant 1917, mais surtout pendant la guerre civile russe (qui était en fait une guerre d'intervention) s'étaient livrés à de nombreux pogromes en 1919 et 1920. De même, Tottle remarque que, pendant la Seconde Guerre mondiale, beaucoup d'autonomistes ukrainiens s'étaient distingués comme tueurs et auxiliaires zélés des Nazis (unités SS, Einsatzgruppen, gardiens de camps de concentration, etc.) ayant participé au génocide des Juifs. Ceux qui ont pu s'échapper rejoignirent donc les mêmes régions de peuplement ukrainien aux USA et au Canada, avec l'aide des services secrets américains, OSS puis CIA. Ceux-ci voulaient évidemment maintenir des liens et des réseaux d'activistes anti-soviétiques sur place. Pour masquer les crimes, et avec le soutien américain, les associations ukrainiennes ont lancé la fiction de "l'Hodomodor", la famine ukrainienne génocidaire. Ce soi-disant "autre génocide" prétendait éclipser par sa cruauté celui des Juifs, car ses auteurs étaient les bolcheviques juifs (on retrouve là le thème hitlérien du "judéo-bolchevisme) qui étaient " pires que les Nazis". D'où le chiffre de 7 millions de victimes, lancé par Conquest pour, au moins, égaler la Shoah.

Cette campagne a été relancée après la chute de l'URSS et a servi de marchepied à toutes les interventions américaines dans l'Ukraine actuelle ("Révolution orange", etc.).

Implication des Universités américaines et particulièrement de Harvard.

Christopher Simpson a coordonné un remarquable ouvrage collectif, "Universities and Empire…" qui complète, pour la guerre froide, l'éclairage de Tottle. A Boston, la prestigieuse Université d'Harvard a été un centre très actif de la symbiose entre les services secrets, les universitaires et les associations immigrés nationalistes ukrainiens, les premiers assurant le financement (fédéral) des deux autres. En 1973, a été fondé un "Ukrainian Research Institute" où ont été élaborées un certain nombre d'opérations idéologiques. Le thème de la famine "génocidaire" (apparition du terme "Holomodor" pour faire pendant à la "Shoah") ressurgit et prend une ampleur considérable après la chute de l'URSS. Parallèlement au "Livre Noir du communisme", il est promu au rang de vérité religieuse par l'Union Européenne.

Les matériaux utilisés dans ces campagnes appuyées par ces associations dites "ukrainiennes" sont très stéréotypés. Il s'agit de "témoignages" provenant toujours d'Ukrainiens originaires de la région ouest, qui sont généralement émigrés aux USA ou au Canada (et parfois depuis très longtemps) mais qui disent avoir conservé des liens avec de la famille "au pays". Ces "témoignages" constituent la substance de deux "opérations" de propagande qui ont établi la légende de "l'Holomodor".

Robert Conquest : "Harvest of Sorrow : Soviet collectivization and the terror famine" (1987)

Slavko Nowytski : "Harvest of Despair : the unknown Holocaust" film (1984) sous l'égide de "l'Ukrainian Famine Committee in Canada".

Par la suite, Marco Carynnyk, éditeur des documents du Foreign Office évoqués plus haut, et qui s'est spécialisé dans la documentation des génocides (Shoah, etc.), a tenté de constituer un Fonds documentaire sur la famine ukrainienne, pièces d'archives, photos, etc. Ce fut un fiasco presque total : toutes les photos provenaient de la (vraie) famine de 1921-1922 et les preuves étaient très minces. L'opération a été dénoncée par Tottle.

Puis, les associations ukrainiennes ont commencé à éprouver des difficultés pour promouvoir la (soi-disant) Holomodor et la hausser au niveau de la Shoah car, étant donnée la participation des nationalistes ukrainiens au génocide des Juifs, les associations juives et les historiens de la Shoah ont commencé à refuser les amalgames.

Carrière de Robert Conquest (1917-2015)

Robert Conquest fit des études universitaires brillantes à Oxford (thèse sur l'histoire soviétique en 1936) et fut brièvement membre du Parti communiste britannique avant de faire la guerre comme agent de renseignement au MI6. Entre 1942 et 1948, il vit en Bulgarie comme membre de la School of Slavonic Studies dans une période où le pays, d'abord allié à l'Allemagne nazie (mais sans faire la guerre à l'URSS), se rallia ensuite au camp soviétique (1944). Conquest fut un agent de propagande anticommuniste d'Ernest Bevin, le ministre des Affaires Etrangères du cabinet Attlee (1945-1951). Bevin, bien qu'il eût été brièvement tenté par le marxisme dans sa jeunesse (ou peut-être à cause de cela), était un féroce anti-communiste très actif lors de la création de l'OTAN et du lancement de la guerre froide. En 1947, il créa, au sein de son ministère, une cellule secrète de propagande, l'Information Research Department , en liaison avec le MI-6, à laquelle fut rattaché Conquest jusqu'en 1956. Puis notre homme devint officiellement historien indépendant, mais ses premiers livres, des pamphlets anticommunistes et antisoviétiques, furent distribués par Praeger Press, une officine de la CIA. Par la suite, ses écrits de dénonciation du système soviétique lui assurèrent le succès bien qu'ils fussent toujours basés sur de simples rumeurs et des "témoignages". Conquest le justifiait d'ailleurs en soutenant que la vérité finissait toujours "par percoler" à travers l'ensemble de ces rumeurs.

Les écrits de Conquest s'inscrivent dans un féroce contexte de guerre froide idéologique dont le Congrès pour la Liberté de la Culture ("Congress for Cultural Freedom") est l'un des meilleurs exemples. Le CLC était une association culturelle anticommuniste, fondée à Berlin-Ouest au lendemain du blocus de la ville, et basée à Paris, qui avait obtenu l'adhésion d'intellectuels "de centre-gauche" (ou présentés comme tels) comme Bertrand Russel, Raymond Aron, Jacques Maritain, Arthur Koestler, Karl Jasper, Benedetto Croce, etc. Ceux-ci ignoraient (ou ne voulaient pas savoir?) que cette association avait été créé, dirigée et financée par la CIA, faits dont la révélation fit scandale en 1966.[6]

Le CLC a recherché la caution de Conquest qui a embauché le boursier post-doctoral James Mace (1952-2004) à l'Institut Ukrainien d'Harvard pour réunir la documentation de "Harvest of Sorrow" (1987). Cette "documentation" était faite, encore une fois, de "témoignages" de gens qui, pour la plupart n'ont jamais mis les pieds en Ukraine soviétique (on trouve même des "témoignages" d'occupants allemands!). Incapables de fournir des preuves, ces gens poursuivent un vrai délire anticommuniste, dont témoigne le chiffre de 7 millions de victimes lancé Conquest.

De tels ouvrages sont heureusement aujourd'hui contestés par les scientifiques sérieux. Au minimum ceux-ci nient l'aspect "génocidaire" de la famine, c'est-à-dire l'intention de Staline d'anéantir le peuple ukrainien par la faim. Comme le remarquait l'un d'entre eux, au moment où l'URSS était lancée dans une industrialisation frénétique et subissait de graves pénuries de main d'œuvre, pourquoi les dirigeants auraient-ils choisi délibérément de se priver de plusieurs millions de travailleurs en les assassinant? ça ne tient pas debout. D'autres scientifiques, comme Mark Tauger et Lynne Viola (une spécialiste des résistances, passives et actives, des paysans soviétiques à la collectivisation), nient même l'existence d'une véritable famine à plusieurs millions de morts et parlent plutôt d'une grave disette aux causes multiples.

En France, pays des Courtois, Werth, etc. on trouve des discours complètement alignés sur la présentation la plus partiale et la plus mensongère de la famine ukrainienne. Ainsi, le démographe Alain Blum (élève de Marc Ferro), dans son livre "Naître, vivre et mourir en URSS", n'hésite pas à regrouper tous les décès d'une décennie sur la seule année 1933, ce qui suggère évidemment un événement cataclysmique cette année-là. En fait, puisqu'aucun recensement n'a eu lieu en URSS entre 1926 et 1939, on est toujours dans les interpolations et les inférences, ce qui permet beaucoup de manipulations.

Discussion

Un commentaire de Michel Gruselle qui se dit frappé par la similitude entre l'Ukraine et l'Estonie qu'il connaît mieux. Mêmes rumeurs sur les crimes de Staline, mêmes centre d'émigrés à Toronto.

Q1 : (JC Lecas) Merci pour votre bel exposé qui situe bien la fausse question de la famine dans le vrai contexte des appétits expansionnistes, allemands d'abord, américains ensuite. Les péripéties de la guerre froide et la propagande antisoviétique ont longtemps masqué le fait que l'Ukraine et ses richesses étaient toujours la même proie (en fait jusqu'aux événements de l'année dernière). Mais alors pourquoi ne pas avoir évoqué les "réseaux Gehlen" et leur chef, l'emblématique "Général gris" du petit livre d'Alain Guérin?… Reinhardt Gehlen, qui avait dirigé les renseignements de la Wehrmacht, était passé avec armes et bagages au service des Américains en 1945 (Allen Dulles et l'OSS, puis la CIA). En s'appuyant sur les nationaliste ukrainiens de l'OUN, il a organisé pour le compte du "monde libre" de vraies guérillas qui rançonnèrent les paysans et firent régner l'insécurité aussi tardivement que 1956. Il y eut plusieurs dizaines de milliers de morts dans les campagnes ukrainiennes, et de vraies opérations militaires de l'Armée Rouge au cours desquelles le maréchal Vatoutine fut tué dans une embuscade. Les Soviétiques mirent longtemps à régler le problème car ces bandes, poursuivies en Ukraine, passaient la frontière polonaise, tchécoslovaque ou hongroise où elles s'évanouissaient dans la nature pour revenir ensuite. Il fallut organiser une coopération militaire de quatre pays URSS, Pologne, Tchécoslovaquie et Hongrie pour en venir à bout.

Réponse : Tout à fait d'accord. C'est un point très important. Si important que ce serait plutôt l'objet d'une autre conférence. Guérin a eu du mérite à l'époque, mais depuis, plusieurs études américaines ont bien documenté la question. Les Etats-Unis ont mis en place une véritable stratégie secrète globale en lançant la guerre froide. Il faut lire Scott Lucas. La CIA s'est consacrée à l'organisation de toute une série de réseaux provocateurs et de guérillas dans les pays d'obédience soviétique. Tous les pays de l'Est étaient concernés. En même temps, dans les pays "alliés" d'Europe occidentale, la CIA mettait en place, par l'intermédiaire de l'OTAN, les réseaux "Stay-behind", dénoncés dans les années 1990 par Daniele Ganser.

En 1945, Gehlen s'est assuré une deuxième carrière et une belle promotion au sein des services américains, grâce à tout l'appareil d'espions qu'il avait monté en Ukraine. En 1956, il devient le chef du BND (Bundesnachrichtendienst) le service de renseignement de la RFA. L'affaire ukrainienne, les réseaux Gehlen et toutes les activités subversives sont des aspects importants de la politique d'expansion américaine dont les campagnes sont d'apparence idéologique et défensive, mais sont en fait militaires, subversives et offensives.

Ce sujet implique également le Vatican qui, entre 1945 et 1955 a déployé une intense activité pour protéger la fuite des criminels de guerre nazis, principalement allemands, mais aussi ukrainiens, croates, etc. On estime à environ 30 000 le nombre de criminels nazis sauvés par la "filière vaticane", financée par les USA, et destinés à constituer une "armée de réserve" en Amérique latine (Argentine, etc.)

Comme ce sujet et les agissements de la CIA sont pratiquement inconnus en France, il est beaucoup plus facile d'intoxiquer les gens avec le "totalitarisme" soviétique, les crimes de Staline, et les campagnes de Conquest, Snyder, Anne Applebaum, etc. qui bénéficient d'une assise médiatique énorme…

Les événements de 2014-2015, le putsch de Kiev, la guerre dans l'Est de l'Ukraine ont souligné que l'enjeu n'est pas essentiellement idéologique. L'enjeu, c'est la conquête de l'Ukraine.

Ici, un incident survient. Des provocateurs insultent la conférencière et traitent son exposé de "tissu de mensonges". Devant l'hostilité de la salle, ils finissent pas sortir.

Q2 : (Commentaires) On débouche en plein sur l'actualité de l'Europe orientale, Ukraine, Pologne, pays Baltes, Hongrie, la montée des gouvernements et de mouvements d'extrême-droite. Il faut souligner un fait important : la coupure entre les populations et les élites au pouvoir, parfois issues de la diaspora d'Amérique. En Ukraine, il a fallu naturaliser des "Ukrainiens" pour qu'ils deviennent ministres.

Un dernier commentaire sur l'Université française qui a permis à des gens comme Courtois et N. Werth de faire carrière. Dans une récente interview, celui-ci s'est mis en colère au sujet de la Fondation Hoover (= CIA) et des photos de la "famine ukrainienne".

Q3 : (M. Cukierman) A propos de l'incident de tout à l'heure… (Quelqu'un lance : "ce sont des gens de l'ambassade d'Ukraine, ils font ça régulièrement…"). Ces provocateurs se sont dénoncés eux-même en allant porter une gerbe sur la tombe de Petlioura au cimetière du Montparnasse. Petlioura, antisémite virulent, responsable de nombreux pogromes et assassiné par un Juif. Alors, même si la LICA, organisme réactionnaire avait des vélléité de souscrire à la "famine ukrainienne", l'affaire Petlioura faisait désordre auprès de la communauté juive. Même chose avec la réhabilitation de l'anarchiste Makhno.

Tu as parlé d'Harvard. Il faut savoir qu'il existe une Chaire François Furet à Harvard. On pense que ce dernier a pu s'acheter un luxueux appartement dans l'Ile St-Louis grâce aux généreuses primes de Harvard financées par la CIA.

Enfin, les propagandes anticommunistes sur le thème de la famine ne sont pas limitées à l'URSS. On a eu récemment une campagne du même genre concernant la Corée du Nord. Invention pure et simple. J'ai visité ce pays il y a quelques années dit M. Cukierman et je n'ai vu aucune trace de famine, même si les Coréens admettaient (comme dans les années 1930 soviétiques) l'existence de difficultés.

(Interventions d'autres contestataires, plus modérés que les précédents, mais refusant d'admettre le caractère mensonger de la "famine génocidaire" et contestant l'exposé.)

Q4 : Evoque une campagne confusionniste au Canada : une société privée prétend élaborer un "mémorial" amalgamant les génocides juif, du Rwanda, et le la "famine ukrainienne".

Une remarque au passage : le Parti communiste ukrainien a été interdit en décembre dernier, ce qui correspond bien à la coloration d'extrême-droite du gouvernement de Kiev.

Annie Lacroix-Riz conclut le débat : Il existe des propagandes aux objectifs troubles mais qui partent de faits véridiques. D'autres sont purement mensongères. En ce qui concerne l'Ukraine, il est tout de même frappant que les mêmes thèmes et les mêmes arguments reviennent alors qu'on peut retracer leurs financements depuis la fin du 19e siècle.

————

[1] Voir la conférence de Jean-Marie Chauvier CUEM(5)-2014.

[2] Mais pas chez les bisounours. Wheatcroft (mais pas Davies) a attaqué Tauger sur une base qui défend implicitement la thèse antisoviétique de la famine volontairement induite. D'où de vertes répliques de la part de Tauger. http://www.as.wvu.edu/mtauger/Reply%20to%20Wheatcroft.htm (ou Fichier-document : "Tauger-Famine.doc"). Au final, Tauger souligne que la récolte de 1932 fut absolument catastrophique (bien inférieures aux chiffres officiels et presque la moitié des récoltes des années précédentes) et qu'elle a provoqué de très nombreuses victimes dans les campagnes et dans les villes du sud de l'URSS, sans que le pouvoir y soit pour quelque chose.

[3] Dmowsky fut l'un des négociateurs polonais du Traité de Versailles (1919). A l'inverse de Pilsudski qui voulait ancrer la Pologne à l'Ouest contre la Russie, Dmowsky, voulait un partenariat Pologne-Russie contre l'influence allemande. Très antibolchevique, il mourut en 1939.

[4] Depuis le traité de Rapallo de 1922 qui lui en donne le droit, l'Allemagne a installé des consulats partout (alors que la France n'en a aucun puisqu'elle ne reconnaît l'URSS qu'en 1924). Mais l'Allemagne installe plus de consultas en Ukraine qu'ailleurs. La chose lui était assez facile car, même en 1919 au moment du rétablissement des Soviets en Ukraine, l'Allemagne y avait gardé des observateurs et des agitateurs liés aux colons allemands.

[5] Les uniates sont des chrétiens orthodoxes qui reconnaissent le Pape comme chef de leur Eglise.

[6] L'histoire est mieux connue aujourd'hui grâce à Frances S. Saunders, réalisatrice de TV britannique qui a enquêté sur l'affaire et publié : "Who Paid the Piper?: CIA and the Cultural Cold War" (1999), traduit en français sous le titre : "Qui mène la danse ? La CIA et la Guerre froide culturelle, Denoël, 2003.

L'Holodomor, nouvel avatar de l'anticommunisme et du fascisme européens

 

 

 


Annie Lacroix-Riz, professeur d’histoire contemporaine, université Paris 7

Depuis novembre 1917 se sont sans répit succédé des campagnes antibolcheviques aussi violentes que diverses, mais celle de « la famine en Ukraine » lancée en 1933 a depuis vingt ans pris le dessus. Elle se déchaîne quand les grands impérialismes, Allemagne et États-Unis en tête, avides depuis le 19e siècle de piller les immenses ressources de l’Ukraine, se croient en mesure d’y parvenir. La conjoncture sourit au Reich en 1932-1933, quand le Sud de l’URSS (Ukraine et autres « terres noires », Nord du Caucase et du Kazakhstan) fut frappé par une considérable baisse des récoltes et l’ensemble de l’Union par des difficultés d’approvisionnement entraînant le retour à un strict rationnement. Grave « disette », surtout pendant la « soudure » (entre deux récoltes), non spécifiquement ukrainienne, selon la correspondance diplomatique française; « famine » ukrainienne selon les rapports de 1933- 1934 des consuls  allemands et italiens, exploités par les États ou groupes affairés à la sécession de l’Ukraine : Allemagne, Pologne, centre majeur d’agitation à Lwow, et Vatican.


Cette disette ou cette famine résultait de phénomènes naturels et sociopolitiques : une sécheresse catastrophique se doubla des effets de la rétention croissante des livraisons (abattage du bétail compris), depuis le tournant des années vingt, par les anciens koulaks (paysans les plus riches) rebelles à la collectivisation. Cette fraction, en lutte ouverte contre le régime soviétique, constituait, en Ukraine, une des bases du soutien à l’« autonomisme », habillage sémantique de la sécession, au bénéfice du Reich, de la région agricole reine des « terres noires », en outre premier bassin industriel du pays. L’appui financier allemand, massif avant 1914, s’était intensifié pendant la Première Guerre mondiale, où l’Allemagne transforma l’Ukraine, comme les Pays Baltes, en base économique, politique et militaire du démantèlement de l’empire russe. La République de Weimar, fidèle au programme d’expansion du Kaiser, continua à financer « l’autonomisme » ukrainien. Les hitlériens affichèrent à leur arrivée au pouvoir leur plan de saisie de l’Ukraine soviétique, et tout l’autonomisme ukrainien (les fonds policiers, diplomatiques et militaires convergent) se rallia entre 1933 et 1935 au Reich, alors plus discret sur ses visées sur le reste de l’Ukraine. L’URSS ne contrôlait alors en effet que l’Ukraine orientale (Kiev-Kharkov), redevenue soviétique depuis 1920, après la sécession opérée pendant la guerre civile étrangère : de gros morceaux de l’Ukraine lui avaient été arrachés ou non attribués, en dépit de l’appartenance ethnique de leur population, des promesses françaises, en 1914, de remettre des dépouilles de l’empire austro-hongrois à la Russie tsariste alliée et de la fixation en 1919 de la « ligne Curzon ». L’impérialisme français, un des deux maîtres (avec Londres) de la guerre étrangère faite aux Soviets puis du « cordon sanitaire » qui suivit son fiasco, offrit à la Roumanie dès 1918 la Bessarabie (Moldavie, capitale Kichinev), ancien pan de l’empire russe, et la Bucovine; la Tchécoslovaquie en reçut d'emblée la Ruthénie subcarpathique; la Pologne de Pilsudski, en 1920-1921, l’Ukraine occidentale ou Galicie orientale, naguère autrichienne - capitale Lemberg (en allemand), Lvov (en russe), Lwow (en polonais), Lviv (en ukrainien) -, avec l’aide du corps expéditionnaire français dirigé par Weygand. Et ce alors que la « ligne Curzon » (nom du secrétaire au Foreign Office) avait en 1919 estimé « ethniquement » russe ce territoire, reportant la frontière russo-polonaise de 150 km à l’Ouest de l’Ukraine russe : la « Russie » devait le recevoir de ses alliés quand eux-mêmes et les Blancs auraient chassé les bolcheviques, ce qui ne se produisit point.

Ce distinguo géographique est décisif, car Lwow devint - et Lviv demeure - un centre majeur du tapage sur la « famine en Ukraine » allemand, polonais et vatican qui commença à l’été 1933, c'est à dire après qu’une excellente récolte soviétique eut mis fin à la crise des approvisionnements. S’il y avait eu en 1932-1933 famine, portée à son maximum pendant la « soudure » (entre les deux récoltes), juillet 1933 marqua son terme. La campagne fut relayée par tout le camp antisoviétique, États-Unis inclus, où la presse germanophile du groupe Hearst s'en empara. La famine n’avait pas été « génocidaire », ce qu’admettent tous les historiens anglo-saxons sérieux, tels R.W. Davies et S. Wheatcroft, non traduits en français, à la différence de Robert Conquest, agent des services secrets britanniques devenu prestigieux « chercheur » de Harvard, idole de la « faminologie » française depuis 1995

1). La campagne originelle n’avait même pas brandi le « génocide » : Berlin, Varsovie, le Vatican, etc. maudissaient Staline, les Soviets ou les judéo-bolcheviques, stigmatisaient leur férocité ou leur « organisation » de la famine et décrivaient une Ukraine poussée par la faim au cannibalisme. Les Français, quant à eux, imputaient aux plans sécessionnistes du trio ce vacarme lancé alors que le Reich promettait au dictateur polonais Pilsudski, si celui-ci restituait Dantzig et son corridor, de lui remettre sur un plateau l’Ukraine soviétique qu’ils conquerraient bientôt ensemble : François-Poncet, délégué du Comité des Forges et ambassadeur à Berlin, ricanait des sanglots quotidiens versés par la presse du Reich sur le martyre ukrainien, grosse ficelle à visées extérieures (annexer l’Ukraine) et intérieures (« flétrir les résultats du régime marxiste ».

2).L’abondante correspondance militaire et diplomatique d’époque exclut la thèse de la naïveté des « benêts » prosoviétiques, aveugles, pendant leur voyage de septembre 1933 en Ukraine, aux mensonges et cachotteries de Moscou, tel Édouard Herriot : c'est à dire la thèse soutenue en 1994 par le démographe Alain Blum qui a initié en France le chiffre des « 6 millions de morts ». Ce symbole concurrentiel auxquels les Ukrainiens antisémites tenaient tant – il fallait faire au moins aussi bien que les juifs, avant de faire beaucoup plus, 7, 9, 10, 12, jusqu'à 17 millions à ma connaissance (pour un effectif total d’une trentaine de millions d’Ukrainiens soviétiques) -, fut adopté dans Le Livre noir du Communisme en 1997 par Nicolas Werth. Encore celui-ci réfutait-il alors la thèse « génocidaire » qu’il soutient depuis son engagement en 2000 « dans un projet de publication de documents sur le Goulag (6 volumes, sous l’égide de la fondation Hoover et des archives d'État de la Fédération de Russie) »

3). Chiffre doublement irrecevable :

1° Alain Blum le déduit d’estimations démographiques, puisque l’URSS ne fit aucun recensement entre 1926 et 1939 : or, entre ces dates, dans le cadre d’un boom industriel voué, depuis le début de la grande crise capitaliste, à la défense contre la menace allemande, eurent lieu de gigantesques mouvements de population interrégionaux, affectant particulièrement l’Ukraine agricole collectivisée. La faible croissance de la population ukrainienne entre les deux recensements n’autorise donc pas l’équivalence : déficit démographique égale morts de famine; 2° le mode de calcul de l’estimation est absurde : Alain Blum s’est aligné sur des statisticiens russes qui en 1990 ont regroupé la décennie 1930 de pertes présumées - 6 millions - sur la seule année 1933.

4). Le chiffre fatidique fut repris par des « soviétologues » français liés, tel Stéphane Courtois, ou non aux champions de « l’Ukraine indépendante » orange. Absurdité suprême, dans l’Ukraine orientale seraient donc mortes en quelques mois autant de victimes - voire deux ou trois fois plus - que de juifs furent exterminés, de 1939 et surtout de 1942 à 1944, sur un territoire étendu de la France à l’Oural; et ce sans laisser aucune des traces visibles, photos ou écrits laissés par le génocide nazi. C’est dans ce contexte que s’agitèrent en France des groupes « ukrainiens », telle l’association « Ukraine 33 » qu’hébergea l’archevêché de Lyon, avec pour président d’honneur Mgr Decourtray. Elle relève de l'autorité du Congrès ukrainien mondial, sis à Washington et présidé par Askold S. Lozynskyj, dont le New-York Times publia le courrier suivant du 18 juillet 2002 : « quand les Soviets furent contraints à la retraite devant l’invasion des nazis en juin 1941, ils massacrèrent leurs prisonniers […] d’Ukraine occidentale arrêtés et internés par dizaines de milliers en 1939 […]. Ce fut accompli avec l’aide des communistes locaux, surtout ethniquement juifs. Ce massacre ne constituait malheureusement pas une aberration des oeuvres soviétiques en Ukraine. En 1932-33 en Ukraine orientale, les Soviets avaient déjà assassiné environ 7 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ukrainiens au moyen d’un génocide stratégiquement planifié de famine artificielle. L’homme choisi par Joseph Staline pour perpétrer ce crime était un juif, Lazare Kaganovitch. Le célèbre historien britannique Norman Davies a conclu qu’aucune nation n’avait eu autant de morts que l’ukrainienne. Ce qui fut dans une large mesure le résultat des œuvres à la fois des communistes et des nazis. Les Russes et les Allemands étaient des barbares. Mais les juifs étaient les pires. Ils trahirent leurs voisins et le firent avec tant de zèle! ».

5). Ces antisémites frénétiques se montrèrent plus discrets en France, où ils flagornèrent des associations juives et la Ligue des Droits de l'Homme dans des « colloques internationaux » et débats sur « les génocides » (juif, arménien, ukrainien)

6). Ils exigèrent en 2005-2006 mon exclusion de l’université du président de Paris 7 puis du président de la République Jacques Chirac, me taxant de « négationnisme » pour avoir adressé par Internet à mes étudiants un recueil critique (cité plus loin) d’archives sur les bobards de la campagne germano-vaticano-polonaise de 1933-1935. Ils ne me pardonnaient surtout pas d’avoir rappelé en 1996 le rôle, dans l’Ukraine occupée par la Wehrmacht, de l’Église uniate de Galicie orientale soumise au Vatican et confiée à l’évêque (de Lwow), Mgr Szepticky, qui bénit les tueries de la division ukrainienne SS Galicia issue des groupements du nazi uniate Stefan Bandera.

7). Ajoutons à ces dossiers compromettants pour les hérauts de « l’Holodomor » que j’ose affirmer que la diabolisation du communisme et de l’URSS ne relève pas de l’analyse historique mais de campagnes idéologiques, que, non contente d’être marxiste, je suis juive et qu'un de mes grands-pères a été tué à Auschwitz - fait que j’ai rendu public en 1999, face à une autre campagne 8), et que ces excités connaissaient 9) : tous éléments de nature à les mobiliser.

Faillit se réaliser le rêve d’arracher jusqu'à l’appui des juifs de France à une campagne contre une « judéo-bolchevique » travestie en « négationniste »! Le harcèlement, contre lequel se dressèrent le Snesup et le PRCF, qui lança en juillet 2005 une efficace pétition soutenue par la (seule) Libre Pensée 10), se relâcha après que les « Ukrainiens » eurent le 25 mai 2006, sous la protection de la police du ministre de l'intérieur N. Sarkozy, rendu hommage à l’Arc de Triomphe au grand pogromiste Petlioura. Émigré en France après ses forfaits de 1919-1920, il avait été abattu en 1926 par le juif russe émigré Schwartzbard, et la défense de celui-ci avait généré la Ligue contre l'antisémitisme (LICA) devenue en 1979 LICRA. Celle-ci dénonça enfin, le 26 mai 2006, via son président Patrick Gaubert - après plusieurs vaines mises en garde de la prétendue « négationniste » Lacroix-Riz -, ces antisémites de choc.

Le tapage des groupuscules « ukrainiens » va-t-il reprendre ici, stimulé par le Parlement européen? L’Ukraine occidentale orange, tutrice (officielle) de l’Ukraine entière, occupe à nouveau le centre d’une campagne qui, depuis l’ère Reagan – phase cruciale du démantèlement de la Russie mis en oeuvre depuis 1945 par les États-Unis -, doit tout ou presque à Washington, de même que la précédente devait tout à l’argent allemand. Ses champions empilent les millions de morts d’une Ukraine orientale dont les ressortissants, pourtant concernés au premier chef, n’ont jamais rejoint la meute. La CIA a joué en revanche les chefs d’orchestre, appuyée sur 1° des « Ukrainiens » antisémites et antibolcheviques, collaborationnistes éminents sous l'Occupation allemande, émigrés quand la Wehrmacht fut chassée d’Ukraine ou après mai 1945 aux États-Unis, au Canada ou en Allemagne occidentale; 2° sur certaines universités américaines prestigieuses, dont Harvard et Stanford, relayées ensuite par les universités « occidentales » (Europe orientale incluse) que les financements américains ont gratifiées (en pleine misère des crédits publics de recherche) d’une foule de colloques et commandes éditoriales sur « la famine génocidaire en Ukraine ». Le soutien financier et politique américain a généré la campagne « Holodomor » des gouvernants ukrainiens - qui ont en 2008 érigé en héros national Stefan Bandera, « chef de l’organisation terroriste ukrainienne en Pologne » 11) prétendument « indépendantiste » (pas du Reich), criminel de guerre émigré en 1945 en zone d'occupation américaine, organisateur, depuis sa base de Munich, d’assassinats de masse jusqu'aux années cinquante dans l’Ukraine redevenue soviétique 12). Privé d’un tel soutien, le vacarme s’arrêterait ou perdrait tout écho international. Le « Parlement européen », en reconnaissant le 23 octobre 2008 « l’Holodomor (famine provoquée artificiellement de 1932-1933 en Ukraine) comme “un crime effroyable perpétré contre le peuple ukrainien et contre l'humanité” », révèle sa stricte dépendance envers les États-Unis, maîtres de l’Ukraine « indépendante », en concurrence avec l’Allemagne, dont la grande presse affiche un zèle pro-ukrainien égal à celui de l’actuelle Pologne, héritière des « colonels » Josef Beck et consorts.

Bibliographie sommaire :

conjoncture ukrainienne germano-vaticano-polono-américaine, Annie Lacroix-Riz, Le Vatican (réf. n. 7); Le Choix de la défaite : les élites françaises dans les années 1930, Paris, Armand Colin, 2006, rééd. 2007; De Munich à Vichy, l’assassinat de la 3e République, 1938-1940, même éditeur, 2008;

et surtout mise au point imminente de la synthèse présentée à mes étudiants en 2004, « Ukraine 1933 mise à jour de 2008 », (« Sur la “famine génocidaire stalinienne” en Ukraine en 1933 : une campagne allemande, polonaise et vaticane », www.historiographie.info), qui a déclenché la fureur des tenants de « l’Holodomor ».

Retenir de la bibliographie Douglas Tottle, Fraud, Famine and Fascism. The Ukrainian Genocide Myth from Hitler to Harvard, Toronto, Progress Book, 1987, épuisé mais téléchargeable: cet ancien photographe y a montré que les photos des campagnes ukrainiennes de 1933-1935 puis de l’ère reaganienne (articles, ouvrages, films) provenaient des collections de la famine de 1921-1922, bilan de 7 ans de guerre mondiale puis de guerreétrangère et civile, et a éreinté de façon très argumentée les sources écrites et photographiques de l’ouvrage maître de Conquest (chapitre 7, « Harvest of deception » (« moisson de tromperie ») et surtout p. 86-90;

Geoffrey Roberts, Stalin’s Wars: From World War to Cold War, 1939-1953. New Haven & London: Yale University Press, 2006, qui estime à « 35 000 cadres militaires et du parti en Galicie orientale [soviétique] entre 1945 et 1951 » le bilan des massacres perpétrés par les banderistes, p. 325.

1 Respectivement, The years of Hunger, Soviet agriculture 1931-1933, New York, Palgrave Macmillan, 2004, et Harvest of Sorrow, New York, Oxford University Press, 1986, traduit en 1995 (et ma mise au point Internet, bibliographie sommaire)
2 Dépêche 727 à Paul-Boncour, Berlin, 5 juillet 1933, Europe URSS 1918-1940, vol. 986, relations Allemagne-URSS, juin 1933-mai 1934, archives du Quai d'Orsay (MAE).
3 http://www.ihtp.cnrs.fr/spip.php?article98 (site IHTP); sur le rôle antisoviétique officiel de cette fondation étroitement liée au Département d’État, référence de la n. 1.
4 Alain Blum, Naître, vivre et mourir en URSS, 1917-1991, Paris, Plon, 1994, p. 96-99 et n. 61, p. 243.
5 http://zustrich.quebec-ukraine.com/news02_shmul.htm, traduction ALR. Le polonophile Davies, qui a obtenu son doctorat à Cracovie, doit sa notoriété à sa minimisation de la destruction des juifs de Pologne, qui l’a opposé à plusieurs historiens américains (Lucy S. Davidowicz, Abraham Brumberg et Theodore Rabb).
6 « Mémoires partagées des génocides et crimes contre l’humanité », « colloque international » du « Collectif Reconnaissance », 28-29 avril 2006, ENS Lyon, etc. (documentation Internet intarissable).
7 Le Vatican, l'Europe et le Reich de la Première Guerre mondiale à la Guerre froide (1914-1955), Paris, Armand Colin, 1996, rééd. 2007, p. 414-417, et infra.
8 Quand fut contesté mon travail sur la fabrication et la livraison au Reich de Zyklon B « français » (de l’usine de Villers-Saint-Sépulcre) par la société mixte Ugine-Degesch, Industriels et banquiers français sous l’Occupation : la collaboration économique avec le Reich et Vichy, Paris, Armand Colin, 1999, index.
9 Et dont leur prose a régulièrement fait état au cours de leur campagne de 2005-2006.
10 Parmi les organisations sollicitées non signataires, le PCF, la Ligue des Droits de l'Homme, le MRAP, diverses associations juives, le Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire, l’Association des Professeurs d'Histoire et Géographie (APHG), etc.
11 Dépêche 30 de Léon Noël, ambassadeur à Varsovie, 15 janvier 1936, SDN, vol. 2169, Pologne, dossier général, février-juillet 1936, MAE.
12 Lacroix-Riz, Vatican, loc. cit., Tottle, chap. 9-10 ; Mark Aarons et John Loftus, Des nazis au Vatican, Paris, O. Orban, 1992, index Bandera ; Christopher Simpson, Blowback. America’s recruitment of Nazis and its effects on the Cold War, New York, Weidenfeld & Nicolson, 1988, index Bandera, etc.

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