Hollywood et la propagande

   Le 27 Juin 2017 était publié l’ouvrage National Security Cinema: The Shocking New Evidence of Government Control in Hollywood (Le Cinéma de la Sécurité Nationale: Les Nouvelles Preuves Choquantes du Contrôle Gouvernemental d’Hollywood). Puis le 11 Septembre (!) 2018 un nouvel ouvrage, sobrement intitulé Hollywood Propaganda. Le 2 Novembre 2018, l’un de ses auteurs, Matthew Alford, était sur le plateau de Le Média pour parler de son ouvrage.

   Il vous sera très facile de penser à des films Hollywoodiens mettant en scène des héros Américains au service de leur patrie : agents du renseignement et de l’espionnage, militaires, officiers de police… Il vous sera en revanche plus compliqué de trouver des exemples dans lesquels l’Amérique n’est pas dépeinte comme bienveillante, garante de la paix, de la démocratie, de la justice, les-gentils-qui-sauvent-tout-le-monde-à-la-fin etc, etc. Pour expliquer ce très large consensus vous pourrez dire que l’Amérique vit sous un joug capitaliste d’une puissance telle que l’idéologie dominante impose ses représentations avec une force de titan, et vous aurez raison. Ajoutez que les besoins stratégiques impérialistes des capitalistes Américains les poussent à employer l’appareil d’Etat pour piller et coloniser le globe - pensez à l’Irak, pour ne donner qu’un infime exemple de la barbarie impérialiste, entre 120 000 et 1 400 000 morts civils selon les estimations. Ajoutez encore que le complexe militaro-industriel fonctionne main dans la main avec les autres grandes puissances d’argent. Ajoutez tout cela et vous aurez une vague idée de ce qu’est l’impérialisme. Vous commencerez à comprendre pourquoi la censure coercitive n’intervient dans la sauvegarde de l’ordre social impérialiste qu’en cas de dernier recours : l’idéologie dominante se charge d’imposer son autocensure, ses non-dits et ses aveuglements.

   Maintenant pour en avoir un exemple plus concret, plus frappant, considérez ce fait : la Garde Nationale, le département de la Défense et la CIA ont influé sur plus de 2000 scénarios de films depuis 1911, en particulier depuis qu’existe le Pentagone, soit la fin de la seconde guerre mondiale. Il s’agit là non pas d’une forme d’autocensure dûe au fait que les scénaristes adhèreraient à un certain statu quo idéologique, mais bien à une entreprise de coercition intellectuelle à laquelle résister est une gageure pour qui tente de produire un cinéma subversif, critique des exactions étasuniennes dans les guerres impérialistes.

   Tracer un lien clair, direct entre les directions des organisations de sécurité et les directions des industries cinématographiques, voilà l’entreprise remarquable à laquelle s’est adonné plusieurs années durant Mr. Alford. De même dans le milieu des produits télévisés, en particulier depuis 2005, les retouches plus ou moins importantes apportées à des scenarios jugés inconvenants pour le pouvoir capitaliste en place sont légion.

   Produire des Transformers, des Captain America, des Batman (ce milliardaire qui emploi ses sous à s’acheter un costume de chauve-souris pour tabasser des petits délinquants) en pagaille, Hollywood les produit centaines, car il s’agit là d’un divertissement tout à fait inoffensif. Un film acceptable pour l’idéologie dominante est un film qui divertit. Qui permet de détourner le regard. De se complaire dans une image de soi-même embellie : champions de la liberté, G.I.s de l’amour, “marines” de la paix…

   Le plus cynique dans cette affaire est qu’il s’en trouve encore pour crier au complotisme dès que l’on mentionne le pouvoir du grand capital. Malheureusement le capitalisme, et sa conséquence directe, l’impérialisme, ses phénomènes de surveillance et de conditionnement de masse ne sont pas des fables. Ils sont réels et quelques chercheurs sérieux nous permettent encore de le démontrer. Remercions-les et continuons notre travail, qui est de porter toujours à la connaissance des masses les manigances impérialistes.

Thibaud-JRCF