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La destruction du réseau sanitaire psychiatrique

La destruction du réseau sanitaire psychiatrique

Cet été, la Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan a sortie un rapport mettant en avant que les soins prodigués dans les centres pénitenciaires psychiatriques sont difficiles et éprouvants. Selon l’Observatoire international des prisons 20% des prisonniers ont une maladie mentale.

Cela résonne durement à nos oreilles car la France a dû ces derniers temps subir plusieurs attaques commises par des gens ayant visiblement ce genre de maladie. Qu’on pense à l’homme ayant foncé sur un militaire, à celui qui a débarqué dans une pizzeria avec sa voiture, tuant une jeune fille au passage ou à cet homme qui, le 21 août de cette année, a roulé sur deux abribus à Marseille.

Le rapport sur la maison centrale de Château-Thierry est assez effrayant (1). 80 à 90% des détenus qui s’y trouvaient au 30 mars 2015 relèveraient sans aucun doute de l’hôpital psychiatrique s’ils étaient libres. Le recours aux injections forcées est fréquent et réalisé avec des surveillants équipés de pare-coups et de boucliers ! Injection parfois prescrites et réalisées sans l’avis d’un médecin au préalable. Le rapport note aussi l’insuffisance de l’équipe sanitaire : aucun psychiatre n’est là le mardi, le jeudi et le vendredi matin. Les cellules puent et les patients sont prostrés.

Le problème, disons-le, ce n’est pas ce centre en particulier, mais le fait que la prison se substitue aux soins -et nous serions tenté de dire pas seulement. En 2006, le Comité consultatif national d’éthique avait déjà protesté contre cela. En 2016, Human Rights Watch dénonçait la double peine des personnes incarcérées et souffrant de troubles psychiatriques.

Autre problème, le détenu n’est pas correctement soigné de sa maladie, ce qui augmente les risques de récidive. On se souvient qu’il y a quelques années deux marginaux ont assassiné un enfant car cela faisait partie d’un rite inventé pendant leurs délires. Beaucoup des personnes les ayant interrogés, notamment les policiers, constataient le fait qu’ils étaient en proie à une sorte de folie, mais ils furent finalement considérés comme sains d’esprit, jugés et envoyés en prison, sans traitement.

Cependant il semblerait que la vie soit encore plus dure à l’hôpital qu’en prison : « Pas d’autorisation de visite des proches, par exemple, ou réduction du nombre d’activités et de promenades, absence d’accès à ses vêtements personnels ou limitation du nombre de cigarettes. » (2) Dans les hôpitaux le taux d’absentéisme serait en hausse régulière depuis cinq ans. Les cadres infirmiers auraient perdu l’habitude des soins et seraient donc réticents à intervenir. Les infirmiers, souvent jeunes, se reposeraient beaucoup trop sur leurs acquis et manqueraient d’humanité. En outre, psychologues et ergothérapeutes sont très peu présents. A plusieurs reprises des restrictions injustifiées aux libertés individuelles sont constatées, cela par manque de personnel.

Ne blâmons pas les professionnels de santé. Le système psychiatrique est touché comme d’autres services par les coupes drastiques de budget, le nouveau management qui préfère la productivité à la qualité, la concurrence aux relations humaines. C’est aussi une victime de L’UE et de notre gouvernement medefien-macronien. C’est le système du profit capitaliste qui assassine l’hôpital psychiatrique et détruit les relations humaines. Et c’est la fascisation rampante du pays, provoquée par les catastrophes de ce même système capitaliste, qui fait préférer la répression systématique aux soins.

 

En bonus, nous vous laissons visionner cette vidéo d’un psychiatre de la chaîne Psylab donnant son avis sur l’annonce du ministre de l’intérieur de faire participer la profession à la recherche des comportements terroristes.

 

  1. « Prison et maladie mentale : un rapport accable la maison centrale de Château-Thierry ». Le Point. 10 août 2017.
  2. « La place des malades psychiatriques est à l’hôpital pas en prison ». The Conversation. 20 août 2017.
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